Crash de Charm el-CheikhNon-lieu requis 12 ans après l'accident
Le 3 janvier 2004, l'appareil de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge, 3 minutes après son décollage de la station balnéaire à destination de Paris.

Le crash de Charm el-Cheikh avait fait 148 morts dont 134 Français le 3 janvier 2004.
Douze ans après le crash du Boeing 737 qui avait fait 148 morts, dont 134 Français, à Charm el-Cheikh, en Egypte, le parquet de Bobigny a estimé que des poursuites n'étaient pas justifiées. Il a requis un non-lieu.
Le 3 janvier 2004, l'appareil de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge, trois minutes après son décollage de la station balnéaire à destination de Paris.
«Nombreux manquements», «calculs approximatifs», «analyses sommaires entraînant de mauvaises décisions»: le parquet de Bobigny a expliqué lundi dans un communiqué avoir estimé que «les éléments du dossier d'instruction (...) ne permettaient pas de retenir d'autre hypothèse que celle des fautes imputables à l'équipe de pilotage».
«Les pilotes étant décédés dans l'accident, le parquet conclut à l'extinction de l'action publique», ajoute le ministère public.
Des responsables
L'enquête judiciaire pour «homicides involontaires» avait été ouverte le jour de la catastrophe. Elle avait donné lieu à 37 tomes de procédure, sans qu'aucune mise en examen ne soit prononcée.
«Toutes les fautes sont ramenées sur les pilotes, qui ne sont plus là. C'est bien pratique!», a réagi, excédé, le président de l'association des familles de victimes, Claude Fouchard.
«Or des responsables, il y en a», a-t-il poursuivi, évoquant «la société Flash Airlines», «qui faisait voler des avions pourris, avec des équipages de pieds nickelés, extrêmement fatigués».
Formation insuffisante
Contacté par l'AFP, Jean-Pierre Bellecave, un des avocats de l'association, a estimé qu'on «aurait pu agir, au moins entendre» le président de la compagnie aérienne. «La société a été liquidée depuis dix ans, mais son responsable est toujours en vie, lui», a-t-il poursuivi. «Mes clients se demandent désormais: 'après toutes ces années, qui va nous venger?'».
En 2009, un rapport d'experts avait souligné l'insuffisance de formation des pilotes et pointé du doigt les «manquements» de la compagnie.
Les experts avaient aussi relevé la «fatigue» due au temps de service des deux pilotes lors des deux semaines précédant le crash. En outre, Flash Airlines ne disposait pas des manuels de vol nécessaires.
En janvier 2008, une première expertise, réalisée par quatre autres experts indépendants, avait déjà conclu à «une déficience humaine» liée à une «absence de compétence» du pilote. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français avait lui aussi mis en cause le pilote, un ancien militaire, évoquant une «désorientation spatiale».
Le juge d'instruction dispose désormais d'un mois pour décider s'il y aura ou non un procès.
En parallèle de l'enquête judiciaire, des procédures civiles ont été engagées par les ayants droit des victimes. Le dossier compte plus de 600 parties civiles. (nxp/ats)