Discipline budgétaire: Nouveau traité adopté par 25 pays de l'UE

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Discipline budgétaireNouveau traité adopté par 25 pays de l'UE

Les dirigeants européens ont adopté lundi soir un nouveau pacte de discipline budgétaire fortement inspiré par l'Allemagne.

25 des 27 pays de l'Union européenne ont accepté le nouveau traité.

25 des 27 pays de l'Union européenne ont accepté le nouveau traité.

Ils ont aussi demandé un accord très rapide pour sauver la Grèce de la faillite, dans le cadre de leurs efforts pour tourner la page de la crise de la dette. Leur sommet à Bruxelles a toutefois été assombri par une controverse autour d'une proposition allemande visant à placer Athènes sous une stricte tutelle budgétaire européenne. Elle a été sèchement rejetée par plusieurs pays, dont la France. Au final, 25 des 27 pays de l'UE ont accepté un nouveau traité de discipline budgétaire.

La République tchèque est venue au dernier moment rejoindre la Grande-Bretagne dans le front du refus, en invoquant des problèmes «constitutionnels». En clair des difficultés à faire ratifier le texte du fait du risque de devoir convoquer un référendum.

Règle d'or

Les autres Etats ont accepté d'inscrire dans leurs législations une règle d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et des sanctions quasi-automatiques en cas de dérapages des déficits publics, comme le voulait à tout prix l'Allemagne en échange d'une poursuite de sa solidarité financière avec les pays en difficulté.

Le traité, qui confirme l'ascendant pris par Berlin dans la gestion de la crise de la dette, doit désormais être signé lors d'un prochain sommet en mars avant les longues phases de ratification.

Format des sommets

Ce pacte budgétaire a buté jusqu'au dernier moment sur une question annexe, le format des sommets de la zone euro.

La France et la Pologne se sont livrées à un bras de fer avant de trouver un compromis: Paris tenait à ce que les 17 pays utilisant la monnaie commune puissent se retrouver seuls entre eux sur certains sujets. Varsovie estimait que tous les pays appelés à rejoindre l'euro devaient être invités.

Au final, les sommets de la zone euro seront limités aux pays de l'Union monétaire, sauf sur certains sujets où les autres Etats n'en faisant pas partie pourront aussi être conviés.

Renforcer le fond de secours

Nombre de pays européens espèrent que ce traité encouragera la Banque centrale européenne à faire davantage à l'avenir pour aider la zone euro face à la crise de la dette.

Il pourrait aussi convaincre la chancelière allemande Angela Merkel de renforcer les moyens du Fonds de secours permanent de la zone euro pour les pays fragiles, le MES, qui a été officiellement mis sur les rails lundi soir et commencera à fonctionner en juillet.

Berlin est sous pression pour accepter une hausse des moyens du mécanisme de 500 à 750 milliards d'euros. La question sera tranchée en mars.

Grèce

En attendant, les dirigeants européens ont dû se pencher une nouvelle fois sur la situation de la Grèce, engluée dans la récession et plus que jamais sous perfusion financière de l'extérieur.

Berlin a jeté un pavé dans la mare en proposant de placer Athènes sous stricte tutelle. Cette idée a été rejetée catégoriquement par la France.

Athènes ne veut pas non plus en entendre parler. «Soit nous avançons sur la voie démocratique où chaque pays est responsable de sa propre politique, soit nous sapons la démocratie dans l'Europe entière», a réagi Georges Papandréou, chef de file des socialistes grecs et ex-Premier ministre.

Second plan d'aide

L'enjeu n'est pas mince: il s'agit du déblocage du second plan d'aide au pays d'un montant de 130 milliards d'euros, promis par les Européens en octobre dernier. Cette aide est vitale pour la Grèce qui doit rembourser 14,5 milliards d'euros de prêts le 20 mars, faute de quoi elle sera en cessation de paiements.

Mais le pays doit en parallèle boucler des négociations avec ses créanciers privés pour réduire sa dette de 100 milliards d'euros, condition sine qua non au déblocage de l'aide européenne. Sur ce point, cela avance «dans la bonne direction», a indiqué le président français, qui a lancé un appel du pied à la BCE pour qu'elle accepte aussi une réduction de ses propres créances.

Le Premier ministre grec Lucas Papademos a dit tabler sur un accord global d'ici la fin de la semaine, tant avec les banques qu'avec les créanciers publics du pays. Il se refuse dans l'immédiat à envisager de demander plus que ce qui a été promis à Athènes malgré la dégradation économique continue de son pays.

(ats/afp)

Cameron raille la France

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a raillé lundi la décision de Nicolas Sarkozy d'instaurer unilatéralement une taxe sur les transactions financières, estimant que grâce à cette mesure, le Royaume-Uni accueillerait «de nombreuses banques françaises». «Je trouve incroyable que l'on puisse faire cela», a déclaré M. Cameron à propos de la décision de M. Sarkozy d'instaurer cette taxe sans attendre ses partenaires européens.

«Au moment où nous nous battons pour l'emploi et la croissance, faire quelque chose qui coûterait un si grand nombre d'emplois me paraît extraordinaire», a-t-il dit lors d'un point de presse en marge d'un sommet des 27 pays de l'Union européenne à Bruxelles.

«Et, dans un sain esprit de compétition avec la France, si la France instaure une taxe sur les transactions financières, notre porte sera ouverte et nous pourrons accueillir au Royaume-Uni beaucoup plus de banques et d'entreprises françaises, et notre économie se développera», a ironisé M. Cameron.

Tout en notant qu'ils étaient en désaccord sur certains sujets, il a qualifié le président français d'«homme remarquable» et rappelé leur collaboration lors de la guerre en Libye. «Je souhaite le meilleur à mon ami Nicolas», a-t-il ajouté, en réponse à une question pour savoir si, comme la chancelière allemande Angela Merkel, il ferait campagne pour la réélection de M. Sarkozy.

«Je suis plein d'admiration pour Nicolas. De temps en temps il dit une chose avec laquelle je ne suis pas d'accord, comme lorsqu'il a dit que la Grande-Bretagne n'a pas d'industrie, alors que nous avons un secteur industriel supérieur à celui de la France», a-t-il ajouté.

M. Cameron faisait allusion à des propos tenus dimanche soir par M. Sarkozy lors de son interview diffusée par les chaînes de télévision françaises. «On peut parler du Royaume-Uni avec plaisir, au Royaume-Uni, ils n'ont plus d'industrie !», avait lancé le président français. Les relations entre les deux hommes se sont tendues ces derniers mois.

Le sommet de l'UE de fin octobre avait déjà été l'objet d'une franche explication entre eux, M. Sarkozy s'agaçant en pleine réunion que M. Cameron donne des leçons à la zone euro sur la conduite à tenir.

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