Etats-Unis/SantéObama est galvanisé par sa victoire
La victoire de Barack Obama sur l'assurance maladie pourrait l'inciter à poursuivre sur sa lancée réformatrice.
Mais la difficile adoption de ce texte pose la question du capital politique restant au président américain pour appliquer son programme en pleine année électorale.
«Ce soir, nous avons répondu à l'appel de l'Histoire comme tant d'Américains l'ont fait avant nous», a déclaré dimanche le président après que la Chambre des représentants eut enfin adopté une loi censée étendre la couverture maladie à 95% des Américains.
M. Obama, sur ce dossier dont il avait lancé le chantier il y a un an, a toujours invoqué les mânes de ses prédécesseurs ayant essayé sans succès de mener à bien une telle réforme, de Theodore Roosevelt à Bill Clinton.
Montant au créneau pour défendre le projet lors de multiples déplacements ces dernières semaines, il s'est beaucoup exposé et sa victoire en devient d'autant plus éclatante.
«Vote historique»
«Une victoire pour l'âme américaine», commentait lundi matin dans le «New York Times» le prix Nobel d'économie Paul Krugman, qui n'avait pas ménagé ses critiques récemment contre l'administration Obama.
A l'avenir, «nous le verrons comme un vote historique», souligne Dan Shea, professeur de sciences politiques à l'université Allegheny (Pennsylvanie, est).
Cet arsenal législatif, qui permet à 32 millions d'Américains supplémentaires d'être couverts et qui encadre plus strictement les compagnies d'assurance, «va changer les relations entre le gouvernement et les administrés, et le rôle de l'Etat dans la santé», explique M. Shea.
Changement promis
Lorsque M. Obama promulguera cette loi, «sauf événement majeur, cela pourrait être l'instant le plus important de son premier mandat, et même de sa présidence», renchérit Costas Panagopoulos, professeur de sciences politiques à l'université de Fordham (New York, est).
Porté au pouvoir sur une promesse de «changement», le premier président noir des Etats-Unis a connu une passe difficile depuis le début 2010 avec une perte au Sénat de la majorité qualifiée des démocrates. Ces alliés de M. Obama pourraient retrouver le moral et montrer aux électeurs que la Maison Blanche répond à leurs attentes.
Une défaite sur l'assurance-maladie aurait pu stopper net les ambitions réformatrices de M. Obama, qui comptent encore des pièces de choix comme la régulation du secteur financier, la lutte contre le réchauffement climatique et une remise à plat de la législation sur l'immigration.
Coût politique
Mais la victoire de dimanche, au terme d'une bataille âpre et «sale» pour un plan devenu impopulaire, comme l'a reconnu lui-même M. Obama, porte elle aussi un coût politique. Le camp démocrate était divisé et le président a dû aller chercher certaines voix une par une.
En outre, face à l'intransigeance de l'opposition, M. Obama n'a pas pu concrétiser sa promesse de campagne d'associer aux grands projets les élus républicains.
Ces derniers ont promis de continuer à se battre contre un projet qualifié de coûteux et liberticide, lors de la campagne électorale en vue des consultations législatives de novembre, quand l'ensemble de la Chambre et le tiers du Sénat seront renouvelés.
«Ce vote, et l'adoption de cette loi, ne sont pas la fin du débat sur la réforme de la santé», remarque M. Panagopoulos, en prédisant que ce sujet constituera «le thème principal de la campagne».
Le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, qualifiant la réforme de «monstruosité», a d'ailleurs affirmé que son adoption «marqu(ait) le début d'un retour de bâton pour les démocrates de Washington», qui «ont perdu la confiance des gens qui les ont élus».
(ats)