BâleOffensive pour museler l'Eglise de Scientologie
Le Grand conseil bâlois a transmis mercredi soir une motion au Conseil d'Etat, afin de rendre la vie plus dure à cette communauté religieuse.
- par
- dmz/ats
Le 25 avril dernier, l'Eglise de Scientologie inaugurait à Bâle son mega-temple, le premier de Suisse. Cette ouverture en grande pompe a été perturbée par des manifestants opposés à cette implantation. Et dans le quartier, de nombreuses voix ont dit leur inquiétude de voir une «secte» avoir pignon sur rue. Quelque 150 personnes y travaillent et, selon l'Eglise, une centaine de personne y suit des cours chaque semaine.
Dans la sphère politique locale, les inquiétudes commencent à recevoir un écho favorable. Mercredi, le Grand conseil bâlois, après un débat passionné, a transmis une motion au gouvernement, avec pour but de limiter les moyens d'action de la Scientologie. «La Suisse est une zone de non-droit pour cette Eglise», s'est exclamé un des motionnaires, le député UDC Michel Rusterholz, rappelant qu'en France et en Allemagne, «on ne prend pas de gants avec elle». Paris a, pour rappel, condamné la Scientologie en 2013 pour «escroquerie en bande organisée». Son collègue PLR, Christian Egeler, l'a pour sa part définie comme «à condamner sans ménagement». Et la socialiste Brigitte Heilbronner comme problématique, rapporte la «Basler Zeitung».
Motion acceptée
Le Parlement cantonal a décidé, après un vote serré, que le recrutement actif dans la rue, interdit par une loi cantonale, devait être plus sévèrement puni. A l'heure actuelle, seule une amende d'ordre est dressée. Le Grand conseil souhaite que le Ministère public puisse être saisi. D'autre part, il demande que l'Eglise de Scientologie ne soit plus reconnue comme une communauté religieuse par le Bureau cantonal de l'économie et du travail, lui retirant ainsi certains «privilèges», comme des facilités pour le travail du week-end.
Enfin, les motionnaires exigeaient que la croix qui orne le temple soit démontée. Ce point, qui a été le plus discuté, a finalement été accepté. Certains députés estimaient toutefois que, même si elle est un symbole chrétien, elle n'appartient pas exclusivement à l'Eglise chrétienne.
A Lausanne aussi, sa présence fait débat
En septembre 2012, faisant écho à des manifestations tenues à Paris, une dizaine de membre du collectif Anonymous avait défilé dans les rues de Lausanne pour dénoncer les pratiques de l'Eglise. «Ils dénonçaient la manipulation, les escroqueries, les décès et les familles brisées à cause, selon eux, de cette Eglise. Ils distribuaient des tracts en ce sens», expliquait un lecteur. Le rassemblement s'était terminé devant son siège, avant d'être dispersé pacifiquement par la police.
Contactée, l'Eglise de Scientologie s'était distancée des accusations lancées par le collectif. «Nous sommes en Suisse et chacun a le droit de dire ce qu'il veut. Toutefois, nous réfutons les maux dont ils nous tiennent pour responsables», avait expliqué Francine Bielawski, chargée de communication de l'institution. «Comme ils manifestaient sans autorisation, nous avons fait appel aux forces de l'ordre afin de les faire partir, ce qui a été fait sans poser de problème», avait-elle conclu.
Bien implantée en Suisse
La Scientologie compte cinq églises en Suisse à Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich, ainsi que sept missions (Bellinzone, Léman, Lugano, Lucerne, Renens, Zoug et Zurich). Selon les informations fournies par les scientologues à l'occasion du 40e anniversaire de leur présence en Suisse en 2014, l'église compterait 300 employés et 5000 membres dans notre pays.
La centrale alémanique d'informations et de conseils sur les sectes Infosekta estime que l'Eglise de scientologie ne compte plus que 800 à 900 membres en Suisse. Dans son rapport 2014, Infosekta précise que l'ouverture du nouveau temple à Bâle a suscité de nombreuses questions auprès de ses services.
Secte, un terme flou
Secte, un terme flou
Il est très difficile de donner une définition précise de ce qu'est une secte. L'office fédéral de la police (Fedpol) la décrit comme telle: «une secte est une communauté de croyance, de nature religieuse ou philosophique, ayant causé des controverses au sein du public.» Pour la rendre plus précise, écrivait «L'Hebdo» en juillet 2007, on peut s'appuyer sur des critères de dangerosité définis par François Bellanger, spécialiste des dérives sectaires à l'Uni de Genève. Parmi ces critères, on retrouve entre autres la rupture entre le groupe et le monde extérieur, les exigences financières ou encore les méthodes de guérisons miraculeuses.
Il n'existe aucune liste officielle du nombre de sectes en Suisse. Georg Schmid, expert en sectes auprès du centre d'information Relinfo, géré par l'Eglise protestante, avait néanmoins estimé, il y a huit ans, à plus de 700 le nombre de sectes dans notre pays.