Ramzy Bedia: «On m'a sauvé la vie en Suisse!»

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Ramzy Bedia«On m'a sauvé la vie en Suisse!»

Ramzy Bedia garde un souvenir très particulier de Genève. Et pour cause: le comédien français de 45 ans a failli y rendre l'âme...

Ludovic Jaccard
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Ludovic Jaccard
Le comédien français adore sa vie et se sent béni des Dieux.

Le comédien français adore sa vie et se sent béni des Dieux.

F.Melillo

A l'affiche du film «Une vie ailleurs», dès le 29 mars 2017 au cinéma, Ramzy Bedia incarne un assistant social venant en aide à une mère prête à tout pour récupérer son fils qu'on lui a enlevé. Un rôle poignant aux antipodes de ceux que l'humoriste de 45 ans a l'habitude d'incarner dans ses comédies loufoques. De passage à Genève, le comédien se confie avec humour et sincérité.

On ne vous attendait pas forcément dans un film dramatique. Pourquoi ce changement de registre?

Le scénario m'a énormément touché car cela parle de la famille. Je l'ai reçu au moment où il y avait les manifestations contre le mariage pour tous, en France. Ces gens disaient qu'une famille c'était uniquement un papa, une maman et des enfants. Et dans ce scénario, je lisais qu'une famille pouvait être composée différemment. On n'y retrouvait pas forcément les liens du sang, cela pouvait juste être des gens qui s'aiment. Du coup, j'ai vu dans cette histoire quelque chose d'important, de social. Surtout que je ne suis pas d'accord avec ce que disaient ces manifestants. C'est aussi une façon de montrer que la vie est beaucoup plus complexe que ce que pensent ces gens simples d'esprit. On ne choisit pas ses parents et on ne choisit pas qui on est. Ce qui compte, c'est d'être élevé dans l'amour.

Avec ce rôle, avez-vous envie de casser votre image de comique?

Pas du tout. J'adore mon image de comique. J'adore faire marrer les gens quand je les croise dans la rue, à moins que ça soit à cause de mes fringues (rire). J'espère que c'est grâce à mes comédies. Avec ce film, j'ai juste l'impression d'avoir découvert trois autres cordes sur ma guitare. Ça fait vingt ans que je joue avec trois cordes et là, le réalisateur de ce film m'a montré qu'il y en avait trois autres, mais elles font partie de la même guitare. Avec elles, je joue plus en grave qu'en aigu. Je suis donc très heureux d'avoir découvert ces trois nouvelles cordes.

Votre acolyte, Eric, ne vous a-t-il pas manqué dans ce film?

Non. Comme nous sommes très proches dans la vie, et que nous avons passé 300 jours par an ensemble pendant vingt ans, je n'ai pas encore l'impression d'être sans lui. Il vient me voir sur les tournages, je vais aussi le voir sur les siens. Je me sens bien avec ça. Je fais des choses seul que je ne pourrais pas faire avec Eric. C'est pareil pour lui. Cela fait environ quatre ans que nous faisons des choses chacun de notre côté, mais il est certain que nous allons faire d'autres projets ensemble.

Votre personnage est très protecteur avec le petit garçon du film. Cela a-t-il développé votre instinct paternel?

Oui, c'est possible. Mais comme je suis père de famille, quand on voit des enfants, on les identifie un peu à ceux qu'on a. Le gamin dans le film a 9 ans, le même âge qu'une de mes filles. Et avec Eric, dans notre carrière, on a travaillé avec beaucoup d'enfants. J'en ai aussi plein dans ma famille. Du coup, tourner avec ce gosse a été assez simple pour moi.

Ramzy Bédia

On sait peu de choses sur votre vie privée. Est-ce un choix de la préserver des médias?

Non, mais selon moi ça n'intéresse personne! Moi je ne me considère pas comme une star, mais les vraies stars comme Marlon Brando ou Cary Grant ne dévoilaient rien de leur vie privée. C'était une époque où on ne savait pas grand-chose d'eux. On les voyait seulement dans les films. Je trouve que c'était mieux, parce qu'en tant qu'acteur, on essaie de faire croire aux spectateurs qu'on est le personnage qu'on incarne. Si les gens nous voient dans notre vie de tous les jours, photographiés dans notre appartement, avec nos enfants, au réveil le matin, je me dis qu'ils ne vont plus payer pour venir nous voir au cinéma. Je n'ai donc pas l'impression de devoir livrer ma vie privée, d'autant plus qu'elle n'a vraiment rien d'intéressant.

Comment vivez-vous la célébrité?

Je la vis super bien. J'adore ça. Je trouve ça fabuleux. J'ai une chance incroyable. Mais ce n'est pas le fait de signer des autographes ou d'obtenir toujours une table au restaurant, même si c'est sympa au début. Ce qui est agréable, c'est d'être reconnu dans mon métier. J'adore marcher dans la rue et voir des gens qui me reconnaissent, qui se marrent et qui me font un petit signe en continuant leur route. Qui a ça dans sa vie? C'est super, je suis béni des Dieux! Je ne sais pas ce que j'ai pu faire dans une autre vie, mais là c'est génial.

Avez-vous toujours eu envie de devenir comédien?

Non, c'est arrivé par hasard quand j'ai rencontré Eric. Au départ, je pensais faire du marketing, du commerce. J'avais fait des études, mais malheureusement, je ne trouvais pas de boulot, alors que j'étais diplômé. J'ai vendu des parfums dans le métro, j'essayais de gagner ma vie. Quand j'ai rencontré Eric, ni lui ni moi ne connaissions ce métier de comédien. C'est notre entourage qui nous a dit qu'on était marrants quand on était ensemble. C'est à partir de là que nous avons commencé à faire des sketchs, sans trop s'attendre à grand-chose. Et très vite, tout s'est enchaîné. Ça a marché tout de suite. Je me sens donc vraiment chanceux de pouvoir vivre de ce métier.

Avez-vous peur que ça s'arrête?

Oui, c'est la raison pour laquelle il faut travailler. Je considère cette activité comme un vrai métier. Il faut se lever tôt le matin, avoir une rigueur. Pour moi, c'est un métier comme les autres: j'écris, je vais au bureau. Il faut le prendre en mains. Je fais la différence entre la notoriété et ce métier.

Une carrière au Etats-Unis vous intéresserait-elle?

Ça serait génial. Il y a des acteurs qui le cherchent et qui se rendent là-bas. Moi je ne le cherche pas plus que ça. Si ça doit me tomber dessus, ça se fera. Ça ne serait que du bonus et je le vivrais avec grand plaisir, mais j'ai déjà été sacrément verni par la vie.

Vous êtes de passage en Suisse. Que représente ce pays pour vous?

Je trouve la Suisse formidable! J'adore Lausanne, Vevey, ce sont de très belles villes. J'aime beaucoup les Suisses. Mon meilleur ami qui était parisien habite en Suisse maintenant. Mais j'ai à la fois un amour et un rejet avec Genève, parce que j'ai fait un coma dans cette ville, il y a quelques années. Après un spectacle, j'ai fait une allergie alimentaire et j'ai failli y passer. J'ai fait cinq jours de coma au CHU de Genève et c'est là qu'on m'a sauvé. Alors, à chaque fois que je viens ici, je remercie le CHU de Genève. Du coup, je n'aime pas trop revenir dans cette ville parce que ça me rappelle un douloureux souvenir. En revanche, j'aime visiter d'autres endroits de ce pays. On m'a sauvé la vie en Suisse!

Regardez la bande-annonce du film «Une vie ailleurs», dès le 29 mars 2017 au cinéma:

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