Votation à GE: Orientation et exclusion au coeur de la réforme du cycle 

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Votation à GenèveOrientation et exclusion au cœur de la réforme du Cycle

Genève votera le 15 mai sur la nouvelle organisation du cycle d’orientation. Elle prévoit de supprimer les regroupements actuels.

TDG

L’avenir des 12-15 ans est à un tournant: dès la rentrée 2023, les élèves pourraient intégrer un cycle d’orientation sans les regroupements actuels (R1, R2 et R3). Soumise à votation populaire dans deux semaines, la réforme CO22 voulue par le Canton prône des classes mixtes avec des programmes identiques, mais des exigences différentes dans certaines branches selon le niveau de l’élève (maths et allemand en 9e; français et anglais en plus, en 10e). La dernière année propose deux voies: l’une conduisant à la maturité (Collège et école de commerce), l’autre à une certification (école de culture générale et apprentissages). Pour les plus doués, un saut de 9e directement en 11e serait possible, sous certaines conditions.

Éliminer les «classes ghettos»

«L’objectif recherché, c’est une transition et une orientation en douceur entre le primaire, le Cycle et la suite», appuie la conseillère d’État Anne Emery-Torracinta, chargée de l’Instruction publique. Elle, comme beaucoup y compris parmi les opposants à CO22, porte un regard très critique sur le système actuel, qui opère une sélection jugée trop précoce. Les ados en R1 «sont souvent vus – et se voient eux-mêmes – comme des nuls, dans des classes ghettos». Les passerelles entre regroupements ont en réalité plutôt abouti à une réorientation vers le bas et une accentuation des inégalités sociales.

Inspirée des modèles neuchâtelois ou encore finlandais, la réforme doit inverser la tendance. «Mélanger les élèves va stimuler les plus fragiles sans porter préjudice à ceux qui ont de la facilité, prédit la magistrate. Le système sera mieux adapté aux besoins de chacun, avec des appuis et un temps plus important consacré à l’orientation professionnelle.»

«Soupe» amère pour les plus fragiles

Si les opposants conviennent qu’il faut changer la donne, le moyen d’y parvenir leur semble inadapté, incohérent et inapplicable. «C’est une refonte dogmatique à la va-vite, effectuée sans vraie consultation et sans analyse profonde du dispositif actuel», tacle le député PLR Pierre Nicollier. Selon lui, le projet va «brasser les classes différemment, mais sans changements pédagogiques. Ce sera une soupe avec les mêmes moyens, les mêmes horaires et les mêmes enseignements, dont ne profiteront notamment pas les jeunes en rupture.»

L’élu estime aussi que l’uniformisation proposée par CO22 ne permettra pas d’adapter les effectifs scolaires aux besoins des quartiers qui abritent les cycles d’orientation: «Les inégalités sociales subsisteront.» Le salut, d’après lui, passerait plutôt par un abandon du plan d’études romand pour les plus fragilisés, afin de définir un programme adapté à chacun d’entre eux. Enfin, les opposants ne voient pas comment réduire le nombre d’élèves par classe, comme l’a promis l’État, alors que les écoles sont «déjà surchargées».

La réforme du cycle d’orientation sera l’unique objet cantonal soumis à votation, le 15 mai prochain.

Les profs indécis, les parents moins

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