Syrie: Palmyre pourrait renaître de ses cendres

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Un archéologue genevois estime que la restauration de la cité antique, endommagée par l'EI, prendra cependant des années.

Palmyre, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et reprise dimanche par le régime syrien, pourrait renaître de ses cendres malgré le saccage de l'Etat islamique (EI).

«Nous devons à la fois parler de travaux de restauration et de reconstruction», précise Denis Genequand, de l'Université de Genève, lequel s'est rendu à plusieurs reprises en Syrie avant le déclenchement de la guerre en 2011. Selon lui, des restaurations sont possibles notamment à la Citadelle de Palmyre, construite «de manière parfois assez grossière selon des procédés du Moyen-Age».

En revanche, il faudrait complètement reconstruire les temples et les tours funéraires qui ont davantage souffert des destructions à l'explosif. «Sur les photos du site endommagé, on distingue des blocs très fragmentés, augurant d'un travail de longue haleine», prévient-il, et la construction d'un monument neuf sur un site antique n'est pas forcément opportune.

D'autres mystères

Selon l'expert, qui a oeuvré lui-même par le passé sur le site de Palmyre, «les couches archéologiques souterraines» sont à préserver car elles pourraient révéler encore d'autres mystères à l'avenir. «Un travail de reconstruction au-dessus de ces couches est possible, mais il demandera toutefois beaucoup de temps et de talent».

La reconquête dimanche de cette ville symbolique a suscité de l'agitation parmi les archéologues syriens. Ce vendredi, une réunion est prévue à ce propos au siège de l'Unesco à Paris en compagnie de Maamoun Abdulkarim, directeur des antiquités et des musées de Syrie. Selon ce dernier, «80% de l'architecture du site n'ont pas été touchés» par les destructions de l'EI.

Pillages en cascades

Pour Denis Genequand, les dommages pourraient même être inférieurs à 20% sur l'ensemble du site «parce que Palmyre représente au total plus de 300 hectares de constructions diverses, un lieu très dense par conséquent».

Il ne faut pas non plus négliger «les pillages» de toutes sortes qui ont dépouillé la ville de ses trésors depuis le début de la guerre, et dont l'EI ne serait pas le seul responsable, mais dont l'ampleur reste difficile à estimer.

Dans la périphérie de Palmyre, «les nécropoles et les hypogées ont apparemment beaucoup souffert», observe l'archéologue genevois.

D'après ses projections, une ville de Palmyre rénovée et reconstruite conservera son aspect spectaculaire pour les touristes qui, dans dix ans ans, s'y rendront pour la première fois. En outre, «des centaines d'hectares restent à défricher» par les archéologues.

Grâce au fonds Collart

La Suisse pourrait même jouer un rôle de premier plan lors de la reconstruction de la cité antique grâce au fond de l'archéologue Paul Collart, conservé à l'Université de Lausanne.

De 1954 à 1956, ce Genevois organisa à Palmyre le premier grand chantier archéologique suisse à l'étranger. «Ses documents et notamment ses clichés constituent des archives uniques sur le temple de Baalshamin détruit en août 2015 et devraient permettre des comparaisons avec la situation actuelle». (nxp/ats)

(NewsXpress)

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