Turquie: Pas d'adhésion à l'UE en cas de peine de mort

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TurquiePas d'adhésion à l'UE en cas de peine de mort

Ankara a indiqué la veille envisager sérieusement un retour de la peine capitale. Rédhibitoire, selon le président de la commission européenne.

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La justice turque a demandé mercredi l'arrestation du journaliste exilé en Allemagne Can Dündar. (5 décembre 2018)

La justice turque a demandé mercredi l'arrestation du journaliste exilé en Allemagne Can Dündar. (5 décembre 2018)

Keystone
Le Parlement turc a adopté une nouvelle loi «antiterroriste» controversée qui reprend plusieurs mesures de l'état d'urgence mis en place après le putsch manqué de juillet 2016 et aboli il y a une semaine. (Mercredi 25 juillet 2018)

Le Parlement turc a adopté une nouvelle loi «antiterroriste» controversée qui reprend plusieurs mesures de l'état d'urgence mis en place après le putsch manqué de juillet 2016 et aboli il y a une semaine. (Mercredi 25 juillet 2018)

AFP
Berlin a demandé des explications à Ankara après la fermeture soudaine d'une école allemande dans la ville turque d'Izmir. (Samedi 30 juin 2018)

Berlin a demandé des explications à Ankara après la fermeture soudaine d'une école allemande dans la ville turque d'Izmir. (Samedi 30 juin 2018)

AFP

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a réaffirmé dimanche qu'un rétablissement de la peine de mort en Turquie empêcherait l'entrée du pays dans l'Union européenne (UE).

«Si la peine de mort est réintroduite en Turquie, cela entraînera la fin des négociations» du pays, a déclaré Jean-Claude Juncker dans l'édition dominicale du quotidien allemand «Bild», en parlant de «ligne rouge». Dans le même temps, il s'est dit opposé à l'arrêt d'ores et déjà des négociations sur l'entrée de la Turquie, même si elles font du surplace depuis des années.

«C'est un faux débat. Cela n'a pas de sens de vouloir calmer ses nerfs en stoppant des négociations qui n'ont pas lieu de toute façon», a-t-il dit. L'adhésion de la Turquie échouera, si tel est le cas, non du fait des Européens, mais «du manque d'appétit des Turcs à appliquer les standards européens», a-t-il ajouté.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déclaré samedi s'attendre à ce que le parlement de son pays approuve le rétablissement de la peine capitale après le référendum du 16 avril prochain sur l'extension de ses pouvoirs.

«Je crois, si Dieu le veut, que le parlement turc fera le nécessaire à propos de vos exigences sur la peine capitale après le 16 avril», a déclaré M. Erdogan lors d'une réunion électorale. C'est la première fois qu'il appelle le parlement turc à approuver la restauration de la peine capitale après le vote du 16 avril.

«Turquiephobie» en Europe

Son porte-parole a également indiqué dimanche que la «Turquiephobie» s'est emparée de l'Europe après l'interdiction de plusieurs pays, dont l'Allemagne et les Pays-Bas, d'accueillir des meetings pro-Erdogan en vue du scrutin de la mi-avril.

Ibrahim Kalim a en outre évoqué la possibilité que le président Erdogan lui-même cherche à être présent lors d'une autre réunion publique qui pourrait être organisée en Allemagne dans la perspective du référendum.

La Turquie a également convoqué dimanche l'ambassadeur d'Allemagne pour protester au lendemain d'une manifestation de Kurdes à Francfort lors de laquelle des drapeaux des combattants kurdes ont été brandis. La présidence turque a évoqué un «scandale».

Quelque 30'000 personnes, principalement d'origine kurde, ont manifesté dans la ville de l'ouest de l'Allemagne pour réclamer «la démocratie en Turquie» et «la liberté pour le Kurdistan».

La manifestation, organisée à l'occasion de Newroz, jour de l'An du calendrier kurde, s'est déroulée dans le calme, mais selon une porte-parole de la police, des drapeaux et des pancartes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit, ont été aperçus, ainsi que des portraits de son chef historique Abdullah Öcalan.

Accord migratoire

Par ailleurs, le président de la Commission européenne M. Juncker a encore indiqué ne pas croire aux récentes menaces de la Turquie de laisser à nouveau affluer les migrants vers l'Europe suite à l'interdiction de réunions électorales pro-Erdogan.

«La Turquie ne va pas dénoncer cet accord, même si M. Erdogan m'a dit à plusieurs reprises vouloir le faire», a-t-il déclaré à propos du Pacte migratoire entre Ankara et l'Union européenne. La Turquie n'a aucun intérêt «à ce que les bandes de passeurs et les criminels reprennent le contrôle» de ses côtes, a argumenté M. Juncker. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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