Vernier (GE)Payés 9 euros de l'heure sur un chantier genevois
Des ouvriers sont victimes de sous-traitance en chaîne. Personne n'assume ses responsabilités.
- par
- Raphaël Leroy

Le syndicat Unia a mené jeudi matin une action sur les lieux.
«Je gagne 1200 euros (1458 fr.) par mois sur ce chantier. Mon employeur est un Français, mais à vrai dire, je ne sais pas pour qui je travaille à Genève.» A force de sous-traitance en cascade, cet ouvrier d'Annecy (F) n'y comprend plus rien.
Comme une dizaine d'autres salariés d'un chantier de Vernier, il est payé aux tarifs français et non aux tarifs helvétiques, soit un minimum de 4425 fr. mensuel.
«C'est le far-west!»
«Certains n'ont même pas de fiches de paie et deux sous-traitants ne sont pas annoncés, explique Filippa Chinarro du syndicat Unia. C'est le far-west!»
Une affaire qui tombe mal pour le propriétaire de la parcelle, l'entreprise genevoise de légumes Ronin Primeurs. Celle-ci bénéficie d'un label de qualité ventant la défense des conditions de travail des employés.
«Ca n'a rien à voir, s'agace son directeur, Yves Talboedec. J'ai acheté ce bâtiment clés en mains. Je n'y ai donc aucune responsabilité.» Et c'est bien là le problème d'Unia qui dénonce une dilution des responsabilités.
«Je n'y suis pour rien»
Car ni Ronin Primeurs, ni le mandataire Léman Architecture Concept ne se sentent concerné par ce dumping. «Au final, ce sont les employés qui trinquent», regrette Filipa Chinarro.
Reste alors le seul maître d'ouvrage français CCR qui emploient les sous-traitants. Une rencontre est donc prévu la semaine prochaine entre le syndicat et CCR. Unia exige le rattrapage complet des salaires et plus de contrôles sur le chantier.