Canton de Neuchâtel: Pédophilie: l’avocat et entraîneur de foot de juniors obtient le sursis

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Canton de NeuchâtelPédophilie: l’avocat et entraîneur de foot de juniors obtient le sursis

Le Tribunal de Boudry a infligé 22 mois de prison avec un sursis de trois ans à un avocat coupable d’actes sexuels sur des mineurs. La procureure avait requis une peine de 3 ans dont un an ferme de prison.

Abdoulaye Penda Ndiaye
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Abdoulaye Penda Ndiaye
L’avocat était directeur technique du club de foot de La Chaux-de-Fonds, mais il s’impliquait particulièrement chez les juniors.

L’avocat était directeur technique du club de foot de La Chaux-de-Fonds, mais il s’impliquait particulièrement chez les juniors.

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De forts soupçons de pédophilie sur de jeunes footballeurs pesaient sur lui, il y a une dizaine d’années. Mais condamné en première instance par le Tribunal de Boudry, un avocat neuchâtelois passionné de foot, et très investi dans les petites catégories, avait été acquitté au bénéfice du doute par le Tribunal cantonal en 2017. Le même homme est poursuivi pour des actes sexuels sur des mineurs. La procureure a décrit ce coach attiré par des ados comme «un prédateur atypique et subtil, qui exerce une emprise malsaine sur de jeunes victimes en perte de confiance et en admiration envers lui». Estimant que cet homme de loi a «dépassé toutes les limites morales et légales», elle avait requis une peine globale de 3 ans dont un an de prison ferme. Le reste de la condamnation est assorti d’un sursis de cinq ans. Elle a également préconisé la mise en place d’un traitement psy ambulatoire et l’interdiction à vie d’exercer une activité avec les mineurs.

«Comportement ambigu d’un homme intelligent»

Jeudi, le Tribunal criminel de Boudry (NE) a relevé que face aux versions des plaignants et à celle du prévenu, il y a quelques «éléments convergents et des éléments objectifs probants», comme les échanges écrits entre les parties. La Cour a notamment retenu que les trois jeunes en formation à l’étude du prévenu ont tous arrêté leur apprentissage entamé chez l’avocat. Mais aucun des mineurs n’a montré un sentiment d’animosité à l’égard de l’accusé, ce qui exclut une volonté de nuire. Deux d’entre eux ont maintenu leurs accusations d’actes sexuels commis par le quadra qui souffre d’un trouble érectile. La Cour a notamment fustigé «le comportement ambigu du prévenu qui est un homme intelligent, méticuleux et avocat spécialisé en droit pénal».

Couverture médiatique et réduction de peine

En définitive, considéré comme un «primodélinquant», l’avocat a été condamné à 22 mois de prison avec un sursis de trois ans. Initialement fixée à 24 mois, la peine a été rabotée de deux mois à cause des conséquences de la «forte médiatisation de l’affaire» sur la vie du prévenu. Une interdiction à vie de tout contact avec des mineurs a été infligée à l’ex-coach de foot. Il doit également verser un tort moral de 8’000 francs à un jeune et 1000 francs à une autre victime.

L’avocat de la défense annonce que son client va faire appel

Actes sexuels dans les murs de l’étude d’avocat et ailleurs

L’entraîneur faisait dormir ses jeunes joueurs ou apprentis dans son étude d’avocat également équipée de douches. Il est accusé d’avoir savonné les jeunes pendant qu’ils se douchaient, de leur avoir séché les parties intimes ou de leur avoir tenu le sexe quand ils étaient couchés. Il lui est également reproché d’avoir distribué claques et fessées, d’avoir pincé les parties intimes d’un jeune, «par jeu et par punition». Le quadra se déplaçait également avec des juniors pour aller voir des matches de foot à Munich, Manchester ou ailleurs en Europe. Dans un échange avec l’accusé, un des apprentis ayant nié tout acte à caractère sexuel lui a écrit: «Je ne dirai rien à personne.» Selon l’expert psy, l’avocat et coach de juniors est un «pédophile homosexuel impuissant» qui présente un risque de récidive.

Interrogé sur sa proximité dysfonctionnelle avec les jeunes, le prévenu a nié toute tendance pédophile. «C’était une erreur de ma part. Mais je voulais les aider comme si j’étais leur père et non leur formateur. Je voulais qu’ils réussissent.» 

«C’est honteux qu’il n’aille pas en prison»

Les sentiments étaient mitigés après la lecture du jugement condamnant le prévenu à une peine avec sursis. La procureure, qui avait requis une peine de 3 ans dont un an ferme, attend de recevoir le jugement motivé avant de se prononcer sur un éventuel appel. Mais elle a affiché à demi-mot sa satisfaction. «L’essentiel est que le prévenu a été reconnu coupable et il lui est interdit à vie d’avoir des activités professionnelles et non professionnelles avec des jeunes», a réagi à chaud  Sarah Weingart. Pour sa part, l’avocat du prévenu annonce déjà que le combat judiciaire va se poursuivre au Tribunal cantonal pour faire bégayer l’histoire comme en 2017 avec un acquittement. «On fera appel», a annoncé Me Jean-Marie Röthlisberger. «C’est honteux qu’un homme coupable d’actes sexuels sur des mineurs puisse sortir libre d’un tribunal car c’est la première fois qu’il est reconnu auteur de tels faits. Je ne comprends pas la justice», a réagi un jeune footballeur en larmes. 

 

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