GenèvePelouse interdite aux chiens: les maîtres disent stop
Brûlures l’été, gerçures l’hiver… Le bitume peut s’avérer dangereux pour les pattes des toutous. Une pétition veut modifier la loi cantonale sur les canidés afin de leur ouvrir les espaces verts.
- par
- Leïla Hussein/David Ramseyer
«Les pauvres chiens! S’il y a bien quelqu’un qui devrait pouvoir marcher sur la pelouse, c’est eux.» Ce cri du cœur, c’est celui de Manuel Alonso Unica, président du Mouvement de défense des propriétaires de chiens de Genève (MDPCG). Face aux canicules toujours plus fréquentes, le responsable s’inquiète pour la santé des canidés. «Contrairement aux humains, ils ne portent pas de chaussures et sont contraints de subir des brûlures l’été et des gerçures l’hiver.»
«Une interdiction incohérente»
Pour palier ce problème, le responsable a décidé de s’attaquer à la loi cantonale sur les chiens, qui bannit les toutous des pelouses. «Cet interdit est totalement incohérent et ne respecte pas l’esprit de la loi», regrette Manuel Alonso Unica, qui a lancé une pétition le 18 mars dernier. Mais le défenseur des animaux précise: «La tenue en laisse n’est pas remise en question. On veut simplement que les chiens puissent mettre leurs pattes dans l’herbe lorsqu’ils se baladent avec leur maître.»
Nombre d’amendes stable
Outre le réchauffement climatique, un autre constat a poussé le président de l’association à réagir. «Avant, il y avait une certaine tolérance de la part des autorités communales. Désormais, il y a davantage d’avertissements et de commentaires.»
De son côté, la Ville de Genève assure qu'il n'y a pas eu de changements de pratique. Le nombre d'amendes délivrées pour ne pas avoir tenu son chien en laisse ou pour des déjections canines (sur l'herbe ou ailleurs) «est stable depuis des années», souligne Cédric Waelti, porte-parole du Département de la sécurité, qui chapeaute la police municipale. «Pour chacun de ces délits, entre 100 et 150 personnes sont sanctionnées par an.»
Plaintes en hausse
Depuis 2021, le Service des espaces verts (SEVE), lui, a enregistré «plus de plaintes» contre des toutous qui gambadent librement sur les pelouses ou y font leurs besoins. «La sortie de la crise Covid a augmenté la pression sur les espaces publics et il y a peut-être plus de chiens aussi», remarque Anna Vaucher, porte-parole du Département de l’environnement. La Ville en recensait plus de 10'000 en octobre dernier; et il y en a près de 33'000 dans le canton.
Le SEVE a ainsi mis en place des messages de prévention, notamment dans les parcs Geisendorf et Gourgas, ou encore sur le chemin de la Bâtie. «Cela fonctionne. Les retours sont positifs.» Désormais, ces avertissements tournent sur différents sites, selon les besoins. «Mais de manière générale, tient à relever Anna Vaucher, la plupart des maîtres et maîtresses se comportent de manière respectueuse.»
Des espaces dédiés aux toutous
«La Ville a créé des espaces de liberté réservés aux chiens sur tout le territoire municipal», a également rappelé Cédric Waelti. Au total, il en existe 26 (13 clôturés et 13 non clôturés). Trois nouveaux lieux sont en cours de création et sept sont en train d’être rénovés. Mais pour Manuel Alonso Unica, «si ces zones permettent aux canidés de sociabiliser avec leurs congénères», elles ne suffisent pas pour les balades quotidiennes. Sans compter «qu’on ne se téléporte pas dans ces parcs».