Election du Conseil d’Etat (GE)Pierre Maudet: «C’est une deuxième chance qu’on me donne»
Pierre Maudet fait un retentissant retour au sein du gouvernement cantonal, y voyant «une réconciliation» avec les Genevois. De son côté, la Verte Fabienne Fischer, non élue, s’est dite déçue.

- par
- Léonard Boissonnas

«Je ressens un peu de vertige»: Pierre Maudet a savouré avec ses soutiens son élection au Conseil d’Etat.
«C’est une immense marque de confiance et un défi car c’est une deuxième chance qu’on me donne.» Deux ans après l’avoir quitté, Pierre Maudet fait son grand retour au Conseil d’Etat. Ce dimanche, il est arrivé sixième au second tour de l’élection. Après avoir réussi avec sa nouvelle formation Libertés et justice sociale à entrer au Grand Conseil début avril, plaçant dix élus, c’est donc le carton plein pour celui qui a été condamné en justice pour son voyage à Abu Dhabi.
Pas revanchard
«Je disais le 2 avril que c’était un jour de réhabilitation, aujourd’hui c’est une réconciliation, s’est félicité le nouvel élu. Le peuple n’est pas rancunier.» Pour celui qui est parti sans autre soutien que celui de sa formation, c’est une «victoire collective, fruit d’un travail acharné», avec ses militants et ses proches. «Mon élection est une réponse assez claire à celles et ceux qui pensent qu’il faut faire de la politique par blocs.» Toutefois, «il n’y a pas d’élément de revanche», a-t-il assuré.
Désormais dans un rôle d’arbitre entre trois élus de gauche et trois de droite, l’ancien homme fort du PLR se réjouit d’une position «qui ne m’est pas désagréable»: «Je vais constituer des passerelles, c’est ma vocation désormais.» Pour le président du PLR, Bertrand Reich, Pierre Maudet «est une voix au Conseil d’Etat, il va falloir travailler ensemble. Je pense qu’il a la même sensibilité que nous.»
Réactions à chaud dans les rues genevoises après la réélection de Pierre Maudet.
Penser à l’avenir, mais…
«On ne peut pas faire table rase du passé et oublier le verdict de culpabilité du Tribunal fédéral, a déclaré son ancien et désormais futur collègue au gouvernement, le Vert Antonio Hodgers. Les sept élus, y compris donc Monsieur Maudet, ont une même légitimité à siéger au Conseil d’Etat.» Pour le socialiste Thierry Apothéloz, élu pour un deuxième mandat, «les enjeux qui sont les nôtres commandent de faire avec, quel que soit le passé.» «Je travaillerai avec lui, mais je ne travaillerai pas en confiance», a annoncé, de son côté, la socialiste Carole-Anne Kast, qui siégera pour la première fois au gouvernement cantonal.
Une sortante éliminée: Fabienne Fischer
Alors que Pierre Maudet retourne à l’Exécutif, celle qui lui a succédé en 2021, la Verte Fabienne Fischer, en a été éjectée. Elle n’a pas caché sa déception «pour moi mais aussi pour la perte de la majorité pour la gauche au Conseil d’Etat. Avec un gouvernement de droite et une majorité pour elle au parlement, je crains pour l’emploi, l’urgence climatique, la transition énergétique, ou encore la place des économies de plateforme (ndlr: comme Uber, par exemple).» Pour Carole-Anne Kast, élue à quelques centaines de voix devant sa colistière écologiste, «il faut relativiser cette défaite après seulement deux ans au Conseil d’Etat. On était au coude à coude. Et peut-être que le Parti socialiste est plus ancré que les Verts dans les quartiers populaires.»
Gouvernement à majorité féminine
Pour la première fois, une majorité de femmes composera le Conseil d’Etat, puisqu’elles seront quatre. Parmi les nouvelles élues: Anne Hiltpold (PLR) et Delphine Bachmann (Le Centre). «J’ai vécu dans un conseil administratif (ndlr: à Carouge) complètement féminin, expose la libérale-radicale. Je pense que cela peut servir de modèle, non pas à ma fille mais à mon fils, cela montre qu’il y a des femmes qui ont des responsabilités, qui sont au pouvoir et que cela marche. Il faut que cela devienne la norme.»