GenèvePierre Maudet: «Je ne représente aucun lobby»
Le conseiller d'Etat genevois explique pourquoi il a décidé de se porter candidat à la succession de Didier Burkhalter au Conseil fédéral.
- par
- Jérôme Faas

Pierre Maudet préside le Département genevois de la sécurité et de l'économie.
Pierre Maudet brigue la succession du Neuchâtelois Didier Burkhalter au Conseil fédéral. Le PLR genevois l'a annoncé ce vendredi peu après midi. Le conseiller d'Etat chargé de la sécurité et de l'économie doit encore être adoubé le 8 août par les délégués du parti cantonal, une formalité. Puis, le groupe PLR aux chambres fédérales devra composer un ticket qu'il soumettra le 20 septembre au Parlement.
Y aller, ne pas y aller… Vous avez longuement étudié le pour et le contre. Outre les questions d'ordre personnel, quels éléments politiques avez-vous soupesés?
J'ai bien sûr évalué la situation mais n'ai pas passé tout l'été à soupeser non plus. Si, le 1er août, le PLR tessinois avait lancé un ticket multiple (ndlr : il a opté pour une candidature unique, celle d'Ignazio Cassis), cela aurait sans doute conduit à une autre décision de ma part. Dès lors que le parti suisse avait indiqué vouloir deux candidats, cela m'incitait à me présenter. Par ailleurs, je désirais aussi avoir une discussion avec mes collègues de l'exécutif genevois, discussion impossible à avoir avant la fin du mois de juillet.
Vous avez déclaré dans la «Tribune de Genève» qu'une élection doit porter sur des idées. Si on devait en retenir une, essentielle, sur laquelle repose votre candidature, laquelle serait-elle ?
Je ne vais pas développer maintenant car je souhaite révéler cela mardi prochain à l'assemblée des délégués du PLR genevois. Mais si l'on observe mon bilan, on trouve des éléments : le marché du travail, l'innovation. Une notion à retenir, c'est que 80% des jobs de 2030 n'existent pas encore. Il existe aussi une attente sur la question européenne.
Est-ce à dire que les principaux défis qui attendent la Suisse sont, d'après vous, d'ordre économique?
Oui, c'est exact. Et le deuxième prisme à travers lequel il faut regarder la Suisse, c'est celui des relations avec l'étranger. Il n'y a plus grand-chose que nous pouvons faire seuls dans notre coin, et ce dans la plupart des domaines. L'économie bien sûr, mais aussi la santé, l'éducation…
Qu'est-ce que Pierre Maudet pourrait apporter au Conseil fédéral que d'autres candidats n'apporteraient pas?
Les qualités de mes défauts. Certains me reprochent de ne pas être dans le sérail bernois. Même si par exemple j'ai longtemps présidé la commission fédérale pour l'enfance et la jeunesse, admettons. Mais cela peut aussi être un atout: je ne suis le représentant d'aucun lobby. Par ailleurs, j'observe que le PLR compte plus de quarante conseillers d'Etat en Suisse. Même s'il est clair que je ne suis pas favori, il m'apparaît important que des membres d'exécutifs postulent: ils possèdent une capacité à trancher, à décider.
Si vous deviez accéder au Conseil fédéral, le fait que vous soyez Genevois serait-il un atout pour Genève, ou bien un conseiller fédéral, une fois sous la coupole, «oublie-t-il» son origine?
La vérité se trouve entre les deux. On a tendance à surévaluer le caractère représentatif de son canton d'un conseiller fédéral. A un tel poste, on est très vite happé par des considérations supracantonales. Mais il est exact que l'on vient avec une culture, une sensibilité particulière. Et si l'on doit parler de représentativité, celle-ci ne concerne pas seulement la région, mais également le sexe ou l'âge, entre autres choses.