Genève: Pierre Maudet ne cédera pas à la pression

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GenèvePierre Maudet ne cédera pas à la pression

Le conseiller d'Etat en charge de la Sécurité a réaffirmé sa position sur le renvoi en Croatie d'une fratrie kurde.

Pierre Maudet a déploré que la médiatisation du cas de la fratrie occulte le reste du travail effectué par le canton.

Pierre Maudet a déploré que la médiatisation du cas de la fratrie occulte le reste du travail effectué par le canton.

photo: Keystone

Une semaine après le renvoi en Croatie, par le canton de Genève, de trois jeunes frères et soeurs kurdes de Syrie, le conseiller d'Etat Pierre Maudet, en charge de la Sécurité s'exprime enfin. Dans un entretien au «Temps» publié jeudi, il critique la médiatisation de ce cas.

«Je le dis clairement: ce genre de pression ne fonctionne pas sur moi», affirme le magistrat. Solidarité Tattes, la gauche et les quatre élus de gauche de la Ville de Genève dénoncent son silence et le fait que le canton ne reconsidère pas la décision de renvoi du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).

«On a ici une fratrie de quatre personnes, célibataires, ayant atteint la majorité, présents en Suisse depuis moins d'un an» et ayant épuisé toutes les instances fédérales, détaille M. Maudet. Selon lui, elles obtiendront «vraisemblablement» le statut de réfugié en Croatie et «pourront ensuite se mouvoir en Europe».

Régularisation de sans-papiers

Invoquant les liens familiaux de la fratrie accueillie par sa tante à Genève, où le cadet peut rester, les défenseurs des migrants estiment que le canton a une marge de manoeuvre. Pour le conseiller d'Etat, seule la Confédération en dispose. «Soyons clairs, il est exclu de contourner la loi. Je soutiens juste que les marges de manoeuvre se réduisent massivement quand on rend publics des dossiers.»

En outre, cette médiatisation occulte le reste du travail effectué par le canton. Et de citer le fait que Genève demande, chaque année, la régularisation d'environ 150 sans-papiers présents de longue date et sans passé pénal, ou encore «les dossiers plus complexes sur lesquels on obtient gain de cause et qui ne peuvent pas être exposés sur la place publique.»

Incohérence des autorités

Dans un entretien à la Tribune de Genève, le bâtonnier de l'Ordre des avocats genevois, Grégoire Mangeat, indique lui aussi que «la marge de manoeuvre des cantons est faible, sinon nulle.» Selon lui, le SEM devrait faire un usage plus étendu de la clause de souveraineté pour protéger les familles, pour des «motifs humanitaires et de compassion», comme le prévoit le règlement Dublin.

En revanche, M. Mangeat est choqué par l'incohérence des autorités cantonales d'exécution. La fratrie a été arrêtée alors qu'elle collaborait en allant pointer à l'Office cantonal de la population et des migrations, puis elle a été immédiatement placée en régime de détention Dublin au motif qu'elle ne coopérerait pas suffisamment à son propre renvoi.

Et de rappeler qu'un «des principes fondamentaux de l'Etat de droit, c'est l'exigence de proportionnalité.» Le bâtonnier considère personnellement que «les arrestations-cueillettes de personnes très fragilisées, à proximité des bâtiments administratifs dans lesquelles elles sont obligées de se rendre, ne sont pas un signe éclatant de vigueur démocratique.» (nxp/ats)

(NewsXpress)

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