Jeux olympiquesPistorius qualifié pour le 400m et le relais
Oscar Pistorius, qui court avec des prothèses à la place des jambes, sera le premier athlète paralympique à disputer les JO. Il a été retenu dans la sélection sud-africaine pour les Jeux de Londres.
OLe Sud-Africain Oscar Pistorius, le «Blade Runner» aux jambes mi-humaines mi-artificielles, a une nouvelle fois déplacé les frontières du sport. Il a été sélectionné mercredi pour les Jeux olympiques, une première pour un athlète paralympique.
Il faut dire que le Sud-Africain de 25 ans au sourire charmeur, retenu sur 400 m et 4x400 m, a dû se battre, en piste et hors piste, pour arriver jusque-là, sur fond de guerre d'experts sur ses prothèses de course. Les uns restent persuadés que si ses lames en carbone en forme de pattes de félin le désavantagent au départ, elles lui confèrent un certain avantage sur la deuxième moitié du tour de piste, comme l'avait avancé la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) en 2008 pour mettre son veto à la participation de Pistorius aux compétitions sous son mandat.
Mais d'autres ont démontré que non. Et Pistorius, rodé à ces interrogations, y répond point par point sur son site internet. Non, ses prothèses fabriquées spécialement par la société islandaise Ossur pour les athlètes amputés ne dégagent pas une puissance positive à chaque rebond ni n'absorbent la puissance négative, elles sont «des ressorts élastiques passifs». Non, elles ne lui permettent pas de faire des foulées plus longues, ni de se fatiguer moins, ou d'économiser en énergie métabolique. Et non, l'amélioration de son record personnel de près d'une demi-seconde en 2011 (45 sec 07) n'est en rien liée à un gain technologique.
«Il y a eu plus de 30'000 paires de ces prothèses fabriquées depuis que je les utilise en 1996, et il n'y a pas eu un seul autre athlète à courir en moins de 50 secondes le 400 m», a déclaré Pistorius, en mai avant la réunion d'Ostrava (République Tchèque). «En ce qui me concerne, le débat est clos», a-t-il ajouté, assurant utiliser le même type de prothèses «les Cheetahs» depuis 2004.
Mais c'est bien par manque de preuves scientifiques sur un avantage global net que le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui avait dû trancher sur son cas en 2008, avait déjugé l'IAAF.
Le TAS avait pris soin de préciser que le feu vert qu'elle donnait au jeune homme valait uniquement pour ce modèle de prothèses, en l'état actuel des connaissances, et ne constituait en rien une jurisprudence. Avant d'inviter dans sa conclusion, l'athlétisme à voir son intégration «comme l'un des défis de la vie au XXIe siècle».
Car personne n'oserait avancer que Pistorius est un tricheur. Si l'histoire du sport rapporte quelques cas d'hommes s'étant fait passer pour des femmes, aucun athlète ne s'est encore coupé les deux jambes pour tenter de gagner une médaille.
La fée des bébés n'avait pas été tendre avec le petit Oscar. Parce qu'il était né sans péronés, ses parents ont dû se résoudre à le faire amputer sous les genoux à l'âge de 11 mois. Ce passionné de vitesse, qui s'est blessé aux côtes, à la mâchoire et à un oeil dans un accident de bateau il y a quatre ans, s'est construit par le sport. Il a viré vers l'athlétisme à 16 ans après s'être blessé sérieusement à un genou en jouant au rugby. En quelques années, il est devenu «Bladerunner» (le coureur aux lames), icône de l'handisport, couronné de quatre médailles d'or paralympiques, dont trois à Pékin en 2008.
Après les JO (27 juillet-12 août), Oscar Pistorius disputera aussi les Paralympiques dans la capitale britannique (29 août-9 septembre) où il sera l'une des vedettes les plus attendues. «C'est un grand objectif pour moi car je défendrai mes trois titres (100 m, 200 m, 400 m) et je ferai partie de l'équipe sud-africaine qui visera le record du monde du relais 4x100 m», avait-il souligné la semaine dernière. (si/afp)