Suisse: Plus de 2 millions de poussins mâles gazés

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SuissePlus de 2 millions de poussins mâles gazés

La Protection suisse des animaux et l'Union suisse des paysans demandent que les poussins mâles ne soient plus tués parce qu'ils ne sont pas rentables.

Désirée Pomper/ofu
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Désirée Pomper/ofu

Chaque année, près de 2,3 millions de poussins mâles sont tués en Suisse. Une fois sortis de leur œuf, ils sont séparés des femelles, endormis au dioxyde de carbone et finalement gazés à mort. La raison? Les mâles ne pondent pas d'œufs et leur viande ne se prête pas aussi bien que celle des femelles à la consommation.

Hans-Ulrich Huber, directeur de la Protection suisse des animaux, demande aux producteurs suisses d'œufs de ne plus systématiquement gazer les poussins mâles. Car certains d'entre eux étoufferaient dans des conditions atroces. «Ils tentent désespérément d'inspirer de l'air avant de s'endormir.» Selon lui, tuer des poussins juste parce qu'ils ne sont pas profitables à l'économie est contraire à l'éthique. Hans-Ulrich Huber propose de créer une nouvelle lignée de coqs dont ont pourrait manger la viande. Une autre alternative serait d'appliquer la méthode «in ovo» qui consiste à faire le tri entre mâles et femelles lorsque les poussins en sont encore au stade de l'oeuf.

Markus Ritter (PDC), président de l'Union suisse des paysans, s'oppose lui aussi au gazage des poussins mâles. «La Suisse est connue pour ses hauts standards éthiques en matière d'élevage de volaille. Il faut que nous gardions notre rôle de précurseur.»

Reste que, selon Gallosuisse, il n'y a pas d'alternative à la méthode actuelle. La loi prévoit en effet que «les poussins et les embryons des rebuts de couvoir ne doivent être mis à mort qu'au moyen de méthodes à action rapide comme l'homogénéisation ou l'administration d'un mélange de gaz approprié». Le gazage est ainsi la seule méthode autorisée en Suisse. «Notre association ne peut pas changer cela», ajoute le directeur, Oswald Burch. Celui-ci note que les poussins mâles tués servent à produire de la nourriture pour animaux: «Sans ces poussins, il faudrait élever des rats et des souris à cet effet.»

En Allemagne, le député vert Christian Meyer veut faire interdire cette pratique d'ici trois à cinq ans. C'est ce qu'a rapporté ce week-end la «Welt am Sonntag».

Projet pilote chez Coop

Dans le cadre de sa campagne «Des paroles aux actes», le distributeur teste, avec une ferme de la région de Zurich, un nouveau concept. Dans cet élevage, les poussins mâles ne sont pas tués, mais destinés à la production de viande. Les femelles deviennent des poules pondeuses. Les oeufs qui y sont produits sont disponibles dans quelques succursales des environs de la ville du bord de la Limmat.

Mais la communication autour de ce projet, fâche l'Association Pour l'égalité animale (PEA), comme le rapportait il y a peu «Le Matin». Selon elle, les affiches qui le présentent laissent croire qu'il concerne tout le pays. Une plainte pour publicité mensongère a été déposée auprès du Ministère public lausannois et de la Commission suisse pour la loyauté. (dmz)

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