Vaud - Policier acquitté après la mort d’un Congolais: la famille fait appel

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VaudPolicier acquitté après la mort d’un Congolais: la famille fait appel

Le tribunal criminel de l'Est vaudois a reconnu la légitime défense et acquitté le policier qui avait tué un Congolais lors d’une opération à Bex en 2016. Mais la famille ne se satisfait pas de ce jugement.

Christian Humbert
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Christian Humbert
Hervé n’a pas survécu aux balles tirées lors de l’intervention de police.

Hervé n’a pas survécu aux balles tirées lors de l’intervention de police.

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«Vous avez sa mort sur la conscience. Elle ne vous laissera pas en paix». L'ex-compagne d’Hervé, ce Congolais abattu de deux balles dans les escaliers d'un immeuble de Bex (VD) en novembre 2016, ne pardonnera jamais au policier auteur des coups de feu. Le sergent de police de 53 ans a été acquitté par le tribunal criminel de l’Est vaudois, siégeant mercredi à Renens. Peu après le verdict, le père de la victime, pour sa part, ruminait sa rage devant le tribunal en gesticulant.

Le policier, «triste pour la famille et comprenant sa colère » selon son avocate Me Odile Pelet, n'en a toutefois pas fini avec la justice. Me Ludovic Tirelli, avocat de la famille du jeune homme de 27 ans, fera appel et envisage un procès civil. Il invoque les lacunes de l'intervention des policiers. « Ils sont très déçus même si on s'y attendait vu la tournure de l'audience, dès le 1er jour. Le procureur a requis contre le défunt», a t-il commenté au nom des proches.

Légitime défense

Ce procès sous haute surveillance policière s'est achevé par un jugement sans surprise. La cour, suivant l'avis du procureur, muet à l'issue l'audience, et de la défense, a aussi conclu que le seul moyen de contrer l'attaque d'Hervé, drogué et armé d'un couteau, était de tirer pour le neutraliser. Elle soutient la thèse de la légitime défense en s'appuyant sur les expertises et les témoignages.

Ils rappellent que la légitime défense consiste à se protéger d’une attaque. Elle doit être proportionnée au danger. Tel a été le cas à Bex, jugent-ils. D’autres moyens pour la contrer n’étaient pas envisageables. «L’arme à feu était le seul moyen efficace face à une arme blanche. Le nombre de coups tirés est proportionné» , a commenté la présidente. Elle a eu un mot pour les parents qui ne croient pas que leur fils buvait et se droguait: «Votre fils n'était pas un méchant, il a été victime des circonstances». Le policier, promu entre temps, recevra 35000 francs pour ses frais.

Buveur d'absinthe à haute dose, consommateur d'ecstasy, la victime était dans un tel état de décompensation que sa propre mère avait appelé la police du Chablais la veille du drame afin qu'elle intervienne. De fait, Hervé, un père de famille congolais venu en Suisse à l'âge de cinq ans avait dû être placé en cellule de dégrisement.
Le lendemain, cinq policiers ne sont pas parvenus à le raisonner. Il a foncé sur un sergent-major puis sur un caporal avec un couteau à pain. Le caporal a fait feu à trois reprises à un mètre de distance. Il est mort sur place. Il s’était aussi automutilé auparavant.

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