Genève: Policier dans le coma: le prévenu plaide la méprise

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GenèvePolicier dans le coma: le prévenu plaide la méprise

L'homme qui a frappé un inspecteur de police durant la nuit du grand feu d'artifice est sorti de prison.

Jérôme Faas
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Jérôme Faas
La bagarre initiale s'est déroulée à l'angle des rues de Montchoisy et du 31-Décembre, devant le pub Crossroads.

La bagarre initiale s'est déroulée à l'angle des rues de Montchoisy et du 31-Décembre, devant le pub Crossroads.

L'homme qui a frappé un inspecteur de la police judiciaire le 12 août au petit matin aux Eaux-Vives, entraînant un bref coma, est libre. Ce jeune Suisse né en 1995, jardinier sans emploi, a été relâché mardi après quinze jours de détention provisoire, dans l'attente d'un éventuel procès. Il est prévenu, notamment, de tentative de lésions corporelles graves, violence à l'encontre d'un fonctionnaire et empêchement d'accomplir un acte officiel. Sa ligne de défense est désormais connue. Entendu mardi par le Ministère public, il a expliqué n'avoir pas compris que l'homme qu'il a frappé au visage, causant sa chute et le choc de sa tête contre le trottoir, était un policier. Se croyant agressé par un quidam, apeuré, il se serait défendu, sans bien sûr désirer les graves conséquences de son geste.

Une bagarre impliquant une grosse dizaine d'individus se déroulant devant le pub Crossroads, à l'angle des rues Montchoisy et du 31-Décembre, constitue le point de départ de cette affaire. Le prévenu affirme qu'il buvait alors un verre et n'avait pas pris part à la rixe. L'instruction devra éclaircir ce point. Deux agents en uniforme sont alors arrivés sur place, en même temps que deux collègues de la police judiciaire, en civil et sans brassard.

Parole contre parole

Le prévenu dit avoir vu un homme s'approcher de lui. Il le décrit comme très agressif. Il aurait pensé qu'il s'agissait d'un belligérant, furieux d'avoir été dénoncé. En réalité, c'était un inspecteur. Ce dernier l'aurait agrippé. Le jeune homme, effrayé, dit avoir reculé, perdu l'équilibre, et mis dans la foulée une droite au visage de son assaillant, causant son KO. Il se serait ensuite précipité vers les gendarmes en annonçant s'être fait attaquer.

Le prévenu assure que l'inspecteur, qui ne portait aucun signe distinctif, ne s'est pas légitimé. Les amis du jeune homme confirment sa version. Un collègue du policier, au contraire, affirme que légitimation il y a bien eu.

«Mon client a vu la mort de près»

La victime est en arrêt de travail au moins jusqu'à la fin du mois de septembre. Selon son avocat, Me Romain Jordan, il n'a aucun souvenir des faits et souffre encore de pertes d'équilibre et de trous de mémoire. Il peine parfois à trouver ses mots et est partiellement sourd d'une oreille. «Mon client a vu la mort de près. Sans le hasard ayant voulu que l'un des policiers sur place soit un ancien ambulancier, il aurait pu décéder sur place. Le travail de policier est difficile et la transgression majeure que représente son agression lâche et violente doit être soulignée. Il faut leur dire notre reconnaissance et admiration.»

Légitime défense

Me Dimitri Tzortzis, qui défend le prévenu, souligne que son client «n'a jamais imaginé un seul instant qu'il s'agissait d'un inspecteur de police en civil. Les circonstances lui ont fait croire qu'il se trouvait en état de légitime défense, étant précisé que dès l'instant où il a su qu'il s'agissait d'un inspecteur, il s'est tout de suite inquiété de son état de santé, en faisant part de ses regrets.»

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