SuissePour que seule la BNS puisse créer l'argent
La Banque nationale (BNS) doit retrouver le monopole de la création d'argent, estime l'association Modernisation Monétaire (MoMo), qui a lancé mardi une initiative en ce sens.
L'association a lancé mardi l'initiative populaire dite «Monnaie pleine». Le délai pour la déposer court jusqu'au 3 décembre 2015, peut-on lire mardi dans la «Feuille fédérale».
Le succès de l'initiative Minder fait des émules. En lançant une initiative populaire en Suisse, «seul pays qui peut le faire», l'association espère faire tache d'huile en Europe et plus loin, ont déclaré Philippe Mastronardi, professeur de droit public à l'Université de St-Gall, et Reinhold Harringer, ancien chef des Finances de la ville de St-Gall, mardi devant la presse à Berne.
L'objectif du texte, intitulé «Pour une monnaie à l'abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale !», est «qu'à l'avenir, l'argent électronique aussi soit uniquement créé par la Banque nationale».
Avec cette initiative, la Suisse aura l'argent le plus sûr du monde, estime Hansruedi Weber, président de l'association MoMo. Et tous les gains issus de la création monétaire reviendront à l'Etat et aux citoyens. Actuellement, près de 90% de la masse monétaire en circulation existe seulement sous forme électronique, selon les initiants.
Libérer l'Etat de l'emprise des banques
«L'argent des comptes courants sera entièrement sécurisé. Les faillites ne pourront plus lui nuire. Et l'Etat sera libéré de la prise d'otage: comme le trafic de paiements sera séparé du reste des activités bancaires, les banques ne devront plus être sauvées, en raison du «too big to fail», avec l'argent des contribuables», ont relevé les initiants, qui se veulent «au-dessus des partis et des idéologies». L'initiative est soutenue par des professeurs d'économie des Universités de Saint-Gall et Berne notamment.
Le projet a-t-il le soutien de la BNS? Elle s'est exprimée jusqu'ici «de façon retenue», a répondu Reinhold Harringer, également porte-parole de l'initiative. Et de rappeler que le système bancaire international a connu 425 crises entre 1970 et 2007, dont 145 crises bancaires sectorielles, 208 effondrements de devises et 72 crises de la dette souveraine.
Caution du FMI
L'idée de la «Monnaie pleine», développée au cours de la Grande Dépression des années 1930 par des économistes aux Etats-Unis et soutenue par l'ancien président américain Franklin D. Roosevelt, a obtenu la caution du Fonds monétaire international (FMI).
Les deux économistes du FMI, Jaromi Benes et Michael Kumhof, ont mesuré, sur la base de modèles modernes, les conséquences d'une telle réforme. Leurs conclusions, comme déjà celles de leurs prédécesseurs des années 1930: en plus des risques systémiques du système bancaire supprimés, les cycles économiques grâce à l'introduction de la «Monnaie pleine» seraient mieux contrôlables.
Les dettes étatiques et privées diminueraient. Des gains de production seraient générés également grâce à l'abolition des distorsions, comme les risques liés aux taux d'intérêt notamment. De plus, l'inflation tomberait à zéro, d'après les économistes du FMI. Selon les opposants, au contraire, le système de la «Monnaie pleine» serait hautement inflationniste. (ats)