RussiePoutine conciliant envers l'Occident et Trump
Moscou a «besoin d'amis», a déclaré le président russe lors de son message à la nation, les yeux tournés vers les Etats-Unis.

«Nous ne voulons pas de confrontation avec quiconque», a déclaré Vladimir Poutine dans ce discours annuel devant le Parlement.
Vladimir Poutine s'est montré conciliant envers l'Occident, et en particulier les Etats-Unis, lors de son traditionnel message à la nation, jeudi, affirmant que la Russie recherchait des amis, pas des ennemis.
Par le passé, il avait maintes fois utilisé cette allocution pour dénoncer les actions des pays occidentaux dans le monde.
Pas cette fois, où la modération dans ses propos était de mise, notamment à l'adresse du président élu des Etats-Unis, Donald Trump. «Nous ne voulons pas de confrontation avec quiconque», a-t-il dit dans ce discours annuel devant le Parlement.
«Nous n'en avons pas besoin. Nous ne cherchons pas à nous faire des ennemis, nous ne l'avons jamais fait. Nous avons besoin d'amis». S'adressant à l'équipe de Donald Trump, qui entrera à la Maison-Blanche le 20 janvier, le président russe a ajouté que Moscou était «prêt à coopérer avec la nouvelle administration américaine».
Allusion à la Syrie
Mais toute coopération russo-américaine doit être «mutuellement bénéfique et équilibrée», a-t-il ajouté. «Nous avons en commun la responsabilité d'assurer la sécurité dans le monde», a poursuivi Vladimir Poutine, avant d'émettre le voeu de s'entendre avec Washington dans la lutte contre le terrorisme.
Il s'agissait là sans doute d'une allusion à la situation en Syrie. Le régime de Damas, que la Russie soutient militairement, appelle «terroristes» les insurgés en lutte contre lui, notamment dans la grande ville du Nord, Alep.
En dépit de la relative modération de ses propos, par rapport aux années précédentes, le maître du Kremlin a insisté sans ambiguïté sur le fait que la Russie continuerait à défendre ardemment ses intérêts. L'ingérence de Moscou dans les affaires d'autres pays relève du «mythe», a-t-il dit. «Nous continuerons à bâtir notre avenir sans l'avis de qui que ce soit».
«Petite croissance»
La Russie «ne peut pas se permettre» de voir son économie stagner et doit trouver de nouvelles sources de croissance, a par ailleurs prévenu Vladimir Poutine. Il a demandé au gouvernement des réformes économiques et fiscales applicables après la présidentielle de 2018.
«La contraction du secteur réel a pris fin et on peut même observer une petite croissance de l'industrie», s'est félicité Vladimir Poutine. Selon lui, la diminution du produit intérieur brut (PIB) devrait être «peu significative» en 2016, autour de 0,2%.
En 2015, la chute avait été de 3,7% à cause de l'effondrement des cours du pétrole et les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. Cette diminution du PIB s'est traduite par une baisse drastique du pouvoir d'achat des Russes.
Réformes structurelles
«Une stabilisation ne veut pas dire automatiquement que l'on passe à une reprise solide», a mis en garde le chef du Kremlin.
«Si nous ne trouvons pas des solutions de base aux problèmes de l'économie russe, ne libérons pas pleinement de nouveaux facteurs de croissance, nous pouvons rester bloqués pendant des années autour de zéro, nous devrons en permanence nous restreindre,(...) remettre notre développement à plus tard», a-t-il poursuivi. «Nous ne pouvons pas nous le permettre.»
Le président russe reprend ainsi les craintes de nombreux prévisionnistes. Selon eux, le pays risque la stagnation s'il ne procède pas à des réformes structurelles: encouragement des investissements et assainissement les dépenses publiques (moins de bureaucratie et de corruption, justice plus indépendante, réforme des retraites...).
Il a cité comme frein à la croissance «le déficit de ressources d'investissements, de technologies modernes, de cadres professionnels, une concurrence insuffisante, des problèmes de climat des affaires».
...et fiscales
L'éclaircie récente sur le marché du pétrole s'est trouvée encouragée par l'accord de mercredi entre grands pays producteurs pour réduire leur production. Malgré ces bonnes nouvelles, Vladimir Poutine a appelé à poursuivre les efforts pour diversifier l'économie et la moderniser, en favorisant notamment investissements et PME.
«Je demande au gouvernement (...) de mettre en place, au plus tard en mai, un plan substantiel d'action portant jusqu'en 2025, qui permettra dès 2019-2020 d'arriver à des rythmes de croissance plus élevés que ceux de l'économie mondiale», a-t-il déclaré. Il a également «proposé» de réfléchir l'année prochaine, pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2019, à une refonte du système fiscal en vue de stimuler l'activité des entreprises. (nxp/ats)