Présidentielle au Mexique Incertitude mais léger avantage pour Calderon
La proclamation du vainqueur de l'élection présidentielle au Mexique a été reportée. Mais des résultats partiels donnent un mince avantage au candidat du PAN (droite), Felipe Calderon, pour succéder à Vicente Fox comme président.
Le vainqueur sera connu lorsque l'Institut fédéral électoral (IFE) aura effectué un deuxième décompte, qui débutera mercredi et pourrait durer plusieurs jours, en raison du faible écart entre les deux candidats.
Après la prise en compte de 96,65 % des bureaux de vote par l'IFE, Felipe Calderon totalise 13,9 millions de voix (36,40 %) devant Andres Manuel Lopez Obrador, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), avec 13,5 millions de suffrages (35,41 %).
Malgré l'incertitude et la crainte de réactions violentes de la part de militants du PRD, la bourse mexicaine a ouvert à la hausse lundi avec une progression de 1,11 %. L'indice continuait de monter dans la matinée, pendant que le peso se renforçait face au dollar.
Double revendication
Les candidats de la gauche et de la droite ont tous deux revendiqué la victoire, alors que l'IFE avait demandé aux candidats d'attendre la proclamation officielle des résultats. Ils ont assuré qu'ils respecteraient le verdict de l'autorité électorale, mais M. Calderon juge «insurmontable» son avantage, et M. Lopez Obrador estime que sa victoire est «irréversible».
«Voix après voix, et avec les représentants des bureaux de vote que nous avons dans tout le pays, je peux assurer aujourd'hui à tous les Mexicains que j'ai gagné l'élection», a dit M. Calderon sur le plateau de la chaîne de télévision Televisa.
«Selon nos chiffres, nous avons gagné la présidentielle avec au moins 500 000 voix d'avance», a dit M. Lopez Obrador, porteur des espoirs des plus démunis.
Le spectre de la fraude électorale a surgi dimanche soir chez les partisans de M. Lopez Obrador. Le candidat de gauche annonçait en effet sa victoire depuis des mois, promettant la fin des privilèges des Mexicains les plus riches. La presse a appelé les Mexicains à être patients et à faire confiance à l'IFE, qui a jugé que le scrutin s'était déroulé de manière «exemplaire».
Roberto Madrazo, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le Mexique de 1929 à 2000, ne rassemble que 8,2 millions de votes (21,47 %). 41 % des 71 millions d'électeurs se sont abstenus de voter dimanche, selon l'IFE.
Sans majorité parlementaire
Une victoire de Lopez Obrador, 52 ans, serait un nouveau succès pour la gauche en Amérique latine, cette fois-ci aux portes des Etats-Unis. Des gouvernements de gauche ou de centre-gauche sont déjà au pouvoir au Brésil, en Argentine, au Venezuela, en Bolivie, en Uruguay et à Cuba.
Le nouveau président prendra ses fonctions le 1er décembre pour un mandat de six ans non renouvelable. Son principal défi sera la lutte contre la pauvreté, qui touche la moitié des 103 millions de Mexicains, et contre l'insécurité. Au Congrès (500 députés et 128 sénateurs), le PAN (Parti d'action nationale) obtient la majorité relative devant le PRD et le PRI, selon les résultats communiqués par l'IFE.
A la Chambre des députés, le PAN totalise 33,72 %, le PRD 29,06 % et le PRI 27,57 %. Au Sénat, le PAN compte 33,95 %, devant le PRD (29,82 %) et le PRI (27,33 %).
Deux formations minoritaires - Parti nouvelle alliance (Panal) et Alternative social-démocrate - recueillent respectivement 4 et 2 % à la Chambre des députés et au Sénat. Le PRI perd son statut de premier parti du pays et le président, quel qu'il soit, n'aura pas de majorité parlementaire. (ats)