Islande: Présidentielle: Johannesson crie victoire

Actualisé

IslandePrésidentielle: Johannesson crie victoire

L'universitaire obtiendrait près de 38% des voix et a revendiqué la victoire. Ce scrutin en un seul tour permet d'élire un successeur à Olafur Ragnar Grimsson.

Gudni Johannesson, avec ses deux enfants après avoir voté à Reykjavik (Islande) le 25 juin 2016.

Gudni Johannesson, avec ses deux enfants après avoir voté à Reykjavik (Islande) le 25 juin 2016.

photo: Keystone

M. Johannesson a obtenu 39% des voix après dépouillement de l'ensemble des bulletins. Il devance Halla Tomasdottir, femme d'affaires et également sans étiquette, qui récolte 28% des votes.

Parmi les neuf candidats qui briguaient la succession d'Olafur Ragnar Grimsson, 73 ans dont 20 ans comme chef de l'Etat, l'historien Johannesson a toujours été en tête des sondages, dès l'annonce de sa candidature. Mais le résultat obtenu dimanche est cependant légèrement moins bon qu'attendu.

Selon les résultats définitifs, cette élection présidentielle constitue un fiasco pour l'ancien Premier ministre conservateur et gouverneur de la banque centrale David Oddsson. Avec 13,7%, il arrivait quatrième derrière l'écrivain Andri Snaer Magnason (14,3%).

«Le représentant de la vieille époque, de la politique conflictuelle, est rejeté. Les gens voulaient un renouvellement, des personnes tournées vers l'avenir», a commenté Gretar Eythorsson, professeur en sciences politiques à l'université d'Akureyri.

La fonction de président en Islande est par tradition surtout protocolaire. Des élections législatives, plus importantes, sont prévues à l'automne.

Bienvenue dans l'AELE

Les électeurs ont surtout apprécié la sobriété et l'indépendance des deux néophytes arrivés en tête. Les partis traditionnels suscitent une forte défiance depuis la crise engendrée début avril par les Panama Papers, qui ont révélé qu'un nombre impressionnant d'Islandais avaient détenu des avoirs dans les paradis fiscaux.

Hostile à une adhésion de l'île à l'Union européenne, M. Johannesson était aussi en phase avec l'euroscepticisme de la majorité des Islandais. La plupart n'ont pas vu d'un mauvais oeil la victoire du «Brexit» au Royaume-Uni à l'issue du référendum de jeudi.

Le divorce entre la Grande-Bretagne et l'UE «change beaucoup de choses dans le bon sens pour les Islandais», expliquait déjà vendredi soir M. Johannesson. Il pourrait éventuellement amener le Royaume-Uni à renouer avec l'Association européenne de libre-échange (Islande, Norvège, Suisse et Liechtenstein).

Le gouvernement de centre-droit islandais avait retiré l'an passé la candidature de l'Islande à l'Union européenne déposée par son prédécesseur de gauche en 2009, mettant ainsi fin aux négociations avant qu'elles n'abordent le dossier délicat de la pêche.

Nouvelle constitution

M. Johannesson, fin connaisseur de la vie politique qu'il a commentée comme observateur, veut contribuer à moderniser les institutions. Il plaide entre autres pour un référendum d'initiative populaire, et pour améliorer ou remplacer la Constitution islandaise écrite à l'occasion de l'indépendance en 1944.

Mais il ne compte pas bouleverser le système. Il a promis d'être dans la continuité de ses prédécesseurs: ne pas prendre parti dans les débats de société, et rester indépendant des groupes de pression ou partis. «Je m'efforcerai d'être non politique dans le champ politique», a-t-il expliqué.

Priorité au football

Enfin, M. Johannesson avait pour lui d'être un sincère passionné de football. Et ce n'est pas une mince affaire ces jours-ci: qualifiée pour la première fois pour un grand tournoi international, l'Islande réalise un superbe parcours à l'Euro en France, et se prépare fiévreusement à un huitième de finale contre l'Angleterre ce lundi.

Quand on lui a demandé, alors qu'il votait, ce qu'il ferait une fois élu, Gudni Johannesson a répondu: «La première chose, le plus important, c'est de me rendre en France pour voir l'Islande jouer contre l'Angleterre». (nxp/ats)

(NewsXpress)

Ton opinion