France: Primaire : Valls et Hamon, chacun son style

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FrancePrimaire : Valls et Hamon, chacun son style

Les deux hommes s'affrontent en duel télévisé mercredi avant le second tour de la primaire dimanche.

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La presse qui enterrait le PS la semaine dernière, pense que finalement le parti «bouge encore» après la victoire sans appel du frondeur Benoît Hamon. (Lundi 30 janvier 2017)

La presse qui enterrait le PS la semaine dernière, pense que finalement le parti «bouge encore» après la victoire sans appel du frondeur Benoît Hamon. (Lundi 30 janvier 2017)

Keystone
Benoît Hamon est sorti largement vainqueur du deuxième tour de la primaire de gauche. Après des résultats partiels dévoilés en cours de soirée, il était crédité de 58,65% des voix. (29 janvier 2017)

Benoît Hamon est sorti largement vainqueur du deuxième tour de la primaire de gauche. Après des résultats partiels dévoilés en cours de soirée, il était crédité de 58,65% des voix. (29 janvier 2017)

Keystone/AP
L'ancien Premier ministre, Manuel Valls, lors de son discours où il reconnaît sa défaite lors du second tour de la primaire de gauche. (29 janvier 2017)

L'ancien Premier ministre, Manuel Valls, lors de son discours où il reconnaît sa défaite lors du second tour de la primaire de gauche. (29 janvier 2017)

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L'un se décrit en «combattant», l'autre en homme du «renouveau»: Manuel Valls et Benoît Hamon, qui s'affrontent en duel télévisé mercredi avant le second tour de la primaire de la gauche française dimanche, ont des styles et des visions aux antipodes. Issus de la même génération, l'ex-Premier ministre, 54 ans, et l'ex-ministre de l'Education, 49 ans, rêvent tous deux de changer le logiciel de la gauche. Mais derrière les mots, leurs projets divergent: l'un à l'aile droite du PS, l'autre à la gauche du parti à la rose.

Porteur d'un programme d'une «gauche totale» et innovante face aux «vieilles recettes», Benoît Hamon a devancé au premier tour celui qui incarne le virage libéral du quinquennat du président socialiste François Hollande.

Pour s'imposer, l'ex-Premier ministre ne ménage pourtant pas ses efforts, à coup de sémantique belliqueuse. Il est entré en lice en novembre, avec une «candidature de révolte» face à la défaite annoncée de son camp à la présidentielle.

Hamon moque le ton martial de Valls

Lors de ses meetings, il répète à l'envi que «nous sommes en guerre» pour rappeler une France sous état d'urgence dans un contexte de forte menace djihadiste. Dimanche, il a accueilli sa place de second en affirmant être «un combattant»: «J'aime les débats, j'aime la confrontation (...) et je me battrai jusqu'au bout. Donnez-moi la force», concluait-il devant ses militants. Son obsession: ne pas «abandonner les Français à leur sort face à l'extrême droite qui détruirait notre pays, ou la droite (...) face à l'Amérique de Donald Trump, la Russie de Vladimir Poutine».

Son rival qui se défend d'être un «homme providentiel» a moqué ce ton martial, qui vaut depuis des années à Manuel Valls d'être comparé à l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy. «Moi je défendrai avec simplicité et sobriété mon projet parce qu'il est global, cohérent et qu'il ne vise pas à dire juste: parce que j'ai été Premier ministre je serai un bon président ». Et d'ajouter à l'adresse de son adversaire: «je ne procède pas par oukases».

Alors que Manuel Valls, Espagnol naturalisé Français à 20 ans, est apparu dans les débats télévisés mâchoire crispée, Benoît Hamon a opposé une image détendue, égrenant d'une voix posée ses propositions. Celui que les ténors socialistes surnomment «petit Ben» a fait salle comble pendant la campagne avec un public plutôt jeune, altermondialiste, en quête d'une «autre politique» ou d'un «vrai socialisme».

Deux hommes, deux parcours politiques

Il refuse de restreindre le discours aux questions de «sécurité, fermeté, identité» chères à son concurrent et prône un revenu universel d'existence, la légalisation du cannabis, la transition écologique... Et a posté sur les réseaux sociaux sa «play-list» musicale. Manuel Valls, lui, a peiné à remplir les salles, annulant parfois in extremis des réunions par peur des chaises vides et des débordements. A Strasbourg (est), il s'est fait enfariner dans la rue par un opposant, à Lamballe (ouest), il a reçu une gifle.

Au sein du PS, le parcours politique des deux hommes -- mêmes cheveux de jais, même silhouette contenue dans des costumes cintrés -- commence presque au même moment, au mitan des années 80, avant d'emprunter des chemins différents. Manuel Valls devient assistant parlementaire à 23 ans, puis jeune conseiller du Premier ministre réformateur Michel Rocard (1988-91), puis de Lionel Jospin (1997-2001). Il est élu en 2001 maire d'Evry, ville populaire et métissée au sud de Paris, puis devient député. Il se fait éliminer au premier tour de la primaire socialiste de 2011, se rallie au candidat François Hollande avec un rôle actif de porte-parole. Ce qui lui vaut d'être nommé ministre de l'Intérieur, une fois l'élection remportée.

Benoît Hamon, lui, adhère au PS en 1987, devient en 1993 président Mouvement des Jeunes socialistes, puis porte-parole du parti en 2008. Fin connaisseur des réseaux socialistes, il est surtout connu pour avoir été ministre de François Hollande, avant de claquer la porte en 2014, en désaccord avec les orientations économiques. Leurs slogans résument leurs deux approches: «faire battre le coeur de la gauche», pour Benoît Hamon, «une République forte, une France juste», pour Manuel Valls. (nxp/afp)

(NewsXpress)

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