GenèvePrime offerte aux firmes embauchant des apprentis
La Ville de Genève veut inciter les sociétés à former des jeunes. Un chèque de 3000 à 5000fr. leur sera versé pour tout nouveau contrat signé.

Le fonds doit servir à encourager les entreprises à engager des apprentis.
La Ville de Genève lance une nouvelle mesure pour favoriser la création de places d'apprentissage. Un Fonds d'apprentissage de 1,5 million soutiendra les entreprises locales à hauteur de 3000 à 5000 francs pour chaque nouvel apprenti engagé. Il est accompagné d'un dispositif de coaching fourni par le canton.
«Le Conseil municipal de la Ville de Genève a accepté en 2012 l'initiative 'Créons des places d'apprentissage pour nos enfants'. Nous avons collaboré avec le Département de l'instruction publique (DIP) pour la concrétiser sous la forme d'un soutien financier», a expliqué Sandrine Salerno, conseillère administrative en charge de l'économie jeudi devant les médias.
Dans un canton fortement tertiarisé et tourné vers l'international, seul 9% des entreprises forment des apprentis, un chiffre très bas si on le compare aux 18% du niveau suisse, a constaté Mme Salerno. A l'instar de ce qu'a fait le canton de Vaud dans les années 2008-2009, la Ville veut encourager les entreprises qui jouent le jeu ou les inciter à faire le pas d'engager un apprenti.
CFC et AFP
La proposition est simple: octroyer un montant financier lors de l'engagement d'un apprenti de premier année. Dès cette rentrée, les entreprises bénéficieront ainsi de 3000 francs pour un contrat de type Certificat fédéral de capacité (CFC) ou de 5000 francs pour une Attestation de formation professionnelle (AFC).
Le soutien est plus conséquent pour les AFP, car elles concernent une population plus fragile, a souligné Mme Salerno. A l'heure actuelle, il manque entre 300 et 600 places permettant d'obtenir ce titre.
Pour bénéficier du fonds d'apprentissage, l'entreprise doit être localisée en Ville de Genève et avoir un pourcentage total d'apprentis égal ou supérieur à 10% du nombre d'employés. Cette condition permet de cibler l'aide apportée sur les PME, car ce sont elles qui forment le plus d'apprentis et ont le plus besoin d'être soutenues, a ajouté Mme Salerno.
Coacher les entreprises formatrices
Partenaire du projet, le canton proposera de son côté dès 2017 le «Chèque label entreprise formatrice - Genève» (CLeF-Genève). Il s'agit d'un dispositif de coaching adapté aux besoins des entreprises formatrices, a déclaré la conseillère d'Etat en charge du DIP Anne Emery-Torracinta.
Les entreprises, surtout si elles sont petites, hésitent souvent à engager un apprenti. Elles craignent les lourdeurs administratives dues à des dispositions légales très contraignantes, a-t-elle poursuivi. Elles pourront rapidement bénéficier de l'appui d'un coach fourni par le canton sur ces aspects-là.
Le financement des heures de coaching se fera au moyen de le l'allocation de 3000 ou 5000 francs versée par la Ville à l'entreprise. Cette dernière a le choix de garder le montant ou de faire appel au dispositif CLeF-Genève, a détaillé Mme Salerno.
Plan gouvernemental
Ce partenariat s'inscrit dans le plan d'action adopté par le Conseil d'Etat en 2015, visant à soutenir et valoriser la filière de l'apprentissage. Outre le soutien aux entreprises formatrices, il est axé sur l'orientation de l'élève et l'augmentation du nombre d'apprentis à l'Etat, a rappelé Mme Emery-Torracinta.
Car les chiffres sont inquiétants dans le canton. Outre le peu d'entreprises formatrices, seuls 4% des jeunes vont dans une entreprise à la sortie du Cycle d'orientation. «On a de la peine à les attirer vers la formation duale, car ils suivent plutôt des écoles professionnelles à plein temps», a souligné la cheffe du DIP.
Evaluation prévue
La mise en oeuvre du projet fera l'objet d'une évaluation afin de voir si le montant de 1,5 million correspond aux attentes et si les entreprises sont incitées à se lancer dans l'aventure. Le Conseil municipal avait évoqué la somme de 3 millions, a rappelé Sandrine Salerno. (ats)