Yverdon-les-Bains (VD)Prison ferme et internement après avoir tenté de tuer ses voisins
Une querelle de voisinage concernant un jardin avait dégénéré en juin 2021. Le principal prévenu a été condamné pour tentative de meurtre.
- par
- Marc Fragnière

Le Tribunal d’arrondissement à Yverdon-les-Bains où s’est déroulée l’audience.
Appelé à juger deux voisins impliqués dans une rixe à Montcherand en juin 2021, le tribunal avait prévu un dispositif hors norme, jeudi dernier. L’escorte affectée à la garde du principal prévenu avait été doublée. Le sexagénaire n’a pas failli à sa réputation de personnage colérique: après un énième avertissement, le président Olivier Peissard l’a fait expulser manu militari de la salle, tandis que le procureur terminait son réquisitoire.
À l’écoute du portrait peu flatteur dressé par le parquet, ce charpentier de 63 ans avait explosé: «Elle est où votre justice? Vous voulez me voler mon argent, vous, toute la bande, vous êtes des voleurs!» Ce dernier esclandre avait couronné le florilège de punchlines distillées par un homme souffrant d’un trouble de la personnalité de type paranoïaque.
Rare mesure d’internement
Lundi, la tentative de meurtre par dol éventuel a été retenue contre le solide gaillard qui avait attaqué ses voisins, un père et son fils, avec une longue tige en métal. Pour éviter que les gestes d’épéiste du forcené ne l’atteignent au cou, le père s’était protégé avec son bras et avait subi des entailles. L’agresseur purgera trois ans et quatre mois de prison. Egalement reconnu coupable d’autres infractions mineures, il a été condamné à 40 jours-amende à 30.- et à une amende de 600.-. Il devra en outre verser des indemnités à ses voisins.
Les juges ont également assorti la peine d’une rare mesure d’internement, estimant que la personnalité et «la rage» du sexagénaire constituaient un risque pour autrui à sa sortie de prison. Son avocate, Me Justine Sottas, a déjà fait part de son intention de faire appel. «L’expertise psychiatrique qui figure au dossier ne préconise aucunement une mesure d’internement, puisque selon les experts, un suivi thérapeutique ambulatoire était suffisant à pallier le risque de récidive», a-t-elle rappelé.
Une vente forcée à l’origine du problème
C’est la vente forcée du jardin du sexagénaire qui a mis le feu aux poudres. Le charpentier ne respectant pas une obligation d’entretien, l’Etat avait saisi puis vendu le lopin de terre à son voisin. L’homme qui souffre de problèmes psychiatriques, ne l’a jamais accepté et est persuadé qu’il a été «volé et spolié»
Assaillant sévèrement blessé à un oeil
Le solide quérulent avait écopé d’une grave blessure à l’oeil gauche, le jour de la bagarre. Durant l’enquête, il avait affirmé que c’était son voisin qui avait tenté de l’éborgner. Jeudi devant les juges, il a imputé l’attaque au fils de celui-ci. Dès lors, le tribunal n’a pu que libérer l’enseignant des charges qui pesaient contre lui.