La Chaux-de-Fonds (NE): Condamné pour une rixe en prison, la veille de sa sortie de détention

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La Chaux-de-Fonds (NE)Condamné pour une rixe en prison, la veille de sa sortie de détention

Deux hommes ont écopé de lourdes sanctions pour avoir tabassé un codétenu. L’un d’eux devait sortir de tôle le lendemain. Ils ont contesté et la justice a alourdi leurs peines.

par
Marc Fragnière
Les débats s’étaient tenus au Palais de justice de Chaux-de-Fonds.

Les débats s’étaient tenus au Palais de justice de Chaux-de-Fonds.

Vincent Donzé

Un prisonnier avait déposé une plainte pénale contre deux codétenus, les accusant de l’avoir agressé dans sa cellule, en janvier 2021. Les deux prévenus avaient été condamnés à 90 jours de prison par ordonnance pénale. Ils avaient contesté cette décision. Le tribunal les a reconnus coupables de mise en danger de la vie d’autrui et d’agression et a alourdi leurs peines de dix jours.

Un seul des deux accusés s’était présenté devant la justice, début novembre 2022. L’autre, domicilié à l’étranger, a été jugé par défaut. Selon le prévenu présent, les deux hommes n’auraient pas tabassé la victime présumée. Ils lui seraient, au contraire, venus en aide: «Elle se tapait la tête contre le mur et s’auto-étranglait, a déclaré le prévenu. Nous lui avons porté secours».

L’affaire ira au Tribunal cantonal

«Mon mandant, qui devait terminer sa peine le lendemain, n’avait aucun intérêt à se retrouver dans une rixe», avait soutenu Me Delio Musitelli, le défenseur de l’accusé présent. 

L’avocat chaux-de-fonnier et Maître Irene Mariotta, défenderesse du prévenu absent, avaient également rappelé que la présomption d’innocence de leurs mandants n’avait pas été respectée, les ordonnances pénales adressées à leur encontre ne tenant compte que de la version avancée dans la plainte. La présidente du tribunal ne l’a pas entendu de cette oreille. 

Me Musitelli va faire appel de cette décision: «Mon client maintient qu’il n’a jamais agressé le plaignant. Ce dernier prétend que mon mandant l’a étranglé alors que les gardiens ont déclaré qu’il lui tenait les jambes. Par ailleurs, le seul rapport médical produit a été établi 2-3 jours après les faits, je m’interroge sur le lien de causalité. J’ai bon espoir que l’instance cantonale reverra les qualifications juridiques et annulera la peine de mon client, en faisant valoir la présomption d’innocence.»

Les mêmes droits que les citoyens lambda

«Ce type d'affaires (ndlr: rixe entre prévenus) relève évidemment du droit disciplinaire, mais si le cas est suffisamment grave, il peut également être poursuivi d'office sur le plan pénal. Un détenu lésé a aussi le droit, comme n'importe quel citoyen, de déposer une plainte pénale (ndlr: c’est ce qui s’est produit à la Chaux-de-Fonds, même si la victime présumée a retiré sa plainte l’été dernier). Il est vrai que c'est plutôt rare, surtout parce qu’un tel évènement reste heureusement exceptionnel. Mais par analogie, si un résident d'un EMS venait à en frapper un autre et que la victime décidait de porter l'affaire devant la justice, alors l'affaire serait jugée. Il en va de même pour une altercation entre détenus», a analysé Christian Clerici, Chef de service de l’administration pénitentiaire neuchâteloise.

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