Procès Swissair: Mario Corti responsable du grounding
L'accusation l'a accusé d'avoir «volontairement fait traîner la demande de sursis concordataire».
Elle a finalement été déposée le 4 octobre 2001, deux jours après le grounding de Swissair.
Pourtant, M.Corti et l'ex-cheffe des finances Jacqualyn Fouse savaient au plus tard le 17 septembre que le groupe était en incapacité de paiement. Ce jour-là, la Confédération a refusé un crédit-relais d'un milliard de francs. Une semaine plus tôt, l'UBS résiliait le compte de SAirGroup «Cash pool».
Mario Corti et sa cheffe des finances n'ont pris aucune mesure pour faire face à cette nouvelle aggravation de la situation financière déjà «dramatique», a dénoncé le procureur adjoint Thomas Armbruster.
Négligence
Comme les mois précédents, ils sont agi de façon «réactive» et «négligente», se réfugiant dans une attitude toujours trop optimiste basée sur le «best case», l'évolution la plus favorable. Le 24 septembre 2001, ils ont encore fait des versements pour 177 millions de francs.
La perte de ces liquidités a entraîné l'immobilisation de la flotte Swissair le 2 octobre, affirme l'accusation. Celle-ci évalue entre 10 à 20% la diminution de valeur de SAirGroup causée par Mario Corti et Jacqualyn Fouse, qui sont accusés de gestion fautive et déloyale.
Le procureur zurichois s'est appliqué à démontrer l'incapacité de paiement de SAirGroup à la veille du grounding. Outre des liquidités qui fondaient comme peau de chagrin, le groupe avait perdu tout espoir d'obtenir des crédits de la Confédération et des banques.
Le 30 septembre, l'UBS refusait encore de prêter 200 millions de francs et enjoignait la direction de la compagnie à demander le sursis concordataire. Quant aux ventes de participations en cours - Swissport et Nuance -, elles n'étaient pas assez avancées pour fournir les liquidités nécessaires en temps voulu.
«Perte de temps»
Le procureur adjoint ne s'est pas arrêté aux semaines précédant le grounding, mais a détaillé la descente aux enfers de Swissair depuis 2000. «Au plus tard à la fin de l'été 2000, les difficultés financières étaient connues.»
Pourtant, aucune mesure «décisive» n'a été prise. Mario Corti, qui a repris les rênes de la compagnie en mars 2001, s'est lui aussi contenté d'un assainissement «hésitant et partiel», car il avait «beaucoup de mal à se séparer de participations».
Mario Corti a fait ainsi «perdre un temps précieux» à Swissair, a déclaré le procureur. Qui plus est, lui et son équipe ont «tout entrepris pour minimiser la situation catastrophique».
(ats)