Profession: travailleur temporaire depuis dix ans
En Suisse, plus de 210 000 personnes travaillent comme temporaires, soit une augmentation de près de 200% en quinze ans. Beaucoup d'employés se sentent précarisés.
«J'ai travaillé comme temporaire pendant deux ans pour une entreprise chimique genevoise, et j'ai souffert de ne pas savoir si je pourrais un jour être engagé en fixe. C'est une pression terrible», dit Thierry, qui s'occupait jusqu'à cet été de transporter des produits chimiques sur tout le site de production de La Plaine, dans le canton de Genève.
Les chiffres sont parlants: un volume de travail temporaire en nette augmentation en Suisse, un nombre d'heures travaillées multiplié par quatre, et un doublement du nombre d'agences pratiquant la location de services.
En Suisse, la loi qui régit le travail intérimaire est très lacunaire, et beaucoup d'entreprises y recourent largement afin de diminuer les frais de personnel. L'exemple de Rolex, qui emploie 1200 temporaires sur 6000 employés, est patent. Rien ne réglemente les conditions d'engagement, le salaire et le nombre de temporaires dans une entreprise, excepté les conventions collectives de travail.
Rémy Currat est un pré-retraité de 62 ans qui, pour arrondir ses fins de mois, est engagé par Hertz afin de convoyer des voitures d'une ville à l'autre. Salaire horaire: 9 fr. de l'heure. Mais cela n'a rien d'illégal, puisque l'entreprise de location de véhicule n'a pas de convention collective. Même si les salaires minimaux sont respectés, les temporaires ont bien sûr une série de désavantages.
«Au niveau du deuxième pilier, de l'assurance maladie, des vacances et du treizième, qui sont souvent compris dans le salaire de base», souligne Alain Lamat, du syndicat Unia. «Cela fait bien longtemps que je n'ai pas pris de vacances», explique Franco, qui a enchaîné les contrats de mission dans la branche horlogère. Une précarité qui se traduit aussi dans la vie sociale: en temporaire, il est difficile de louer un appartement ou simplement d'obtenir un crédit bancaire.
Francesca Argiroffo (RSR)
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