Duel Aubry-Royal: PS: la semaine de tous les dangers

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Duel Aubry-RoyalPS: la semaine de tous les dangers

Le Parti socialiste, coupé en deux depuis la victoire de Martine Aubry contestée par Ségolène Royal, entre dans une semaine de tous les dangers.

La réunion mardi du conseil national, chargé de valider les résultats du scrutin controversé de vendredi, sera décisive.

Afin de préparer cette réunion cruciale, la commission de récolement du Parti socialiste se réunira lundi rue de Solférino pour examiner les réclamations des partisans de Ségolène Royal mais aussi de ceux de Martine Aubry.

Le PS s'est enfoncé ce week-end dans une crise d'une gravité sans précédent, après le vote extrêmement serré de vendredi soir pour l'élection du nouveau Premier secrétaire. Ni Martine Aubry, vainqueur avec 42 voix d'avance selon les résultats annoncés samedi par la direction sortante, ni Ségolène Royal n'ont reculé d'un pouce.

Martine Aubry s'est déjà emparée du titre de Première secrétaire. Promettant dans une déclaration samedi soir à l'Assemblée nationale d'être «le premier secrétaire de tous les militants», la maire de Lille a détaillé sa feuille de route de «rassemblement, renouvellement, remise en marche, renaissance» du PS, et appelé Ségolène Royal à la «responsabilité».

Mais la présidente de la région Poitou-Charentes ne lâche rien. La finaliste de la dernière présidentielle réclame un nouveau vote des militants, «cette fois incontestable». Elle est persuadée que les résultats vont s'inverser lors de la réunion lundi de la commission de récolement, qui fera le recensement des demandes de corrections présentées par les représentants des deux candidates. «Il peut y avoir des rectifications qui peuvent changer les résultats», estime le sénateur David Assouline, un des membres «royalistes» de la commission de lundi.

Les deux camps faisaient dimanche l'inventaire de leurs réclamations. Interrogé sur Canal&, Manuel Valls, lieutenant de Ségolène Royal, a évoqué «des dizaines d'exemples». Le député de l'Essonne a d'ores et déjà annoncé le dépôt d'une plainte en justice contre un «faux en écriture» qui aurait été commis dans une section lilloise, dans le fief de Martine Aubry.

Les «aubrystes» dénonçaient de leur côté des irrégularités dans les Bouches-du-Rhône, où Ségolène Royal a obtenu une majorité écrasante de 72,5%, et surtout en Guadeloupe, où la participation a bondi de 17,38% entre les deux tours jeudi et vendredi. Ils suspectent les «royalistes» d'avoir demandé en pleine nuit à leurs partisans locaux de se mobiliser pour leur apporter les quelques voix qui leur manquaient au plan national, grâce au décalage horaire avec la métropole. Résultat, la Guadeloupe a voté à 82,36% pour Mme Royal.

Cette guerre interne désolait beaucoup de membres du PS. «Il faut en terminer, en finir», a exhorté sur France Inter le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault, lui-même partisan de Bertrand Delanoë, qui avait renoncé à être candidat au poste de Premier secrétaire. Même si Ségolène Royal a assuré qu'il n'était pas question pour elle de quitter le PS en cas de défaite, le risque d'éclatement du principal parti d'opposition est dans tous les esprits.

En attendant, la crise socialiste ravit les partisans de Nicolas Sarkozy. L'élection du Premier secrétaire du Parti socialiste vire au «psychodrame qui tourne tantôt à la tragédie, tantôt à la comédie», a raillé dimanche la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie. Pour le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, «on assiste bien à une implosion du PS». (ap)

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