Yverdon-Les-Bains (VD): «Quand papa disait qu’il nous tuerait tous, on le croyait»

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Yverdon-Les-Bains (VD)«Quand papa disait qu’il nous tuerait tous, on le croyait»

Un père comparaît pour avoir menacé et insulté sa famille et violé sa femme. Les premiers signalements remontent à plus de 20 ans. L’accusé nie en bloc et crie au complot.

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Un père violent et toxique dont la femme n’était qu’un objet et les enfants qu’un trophée, ou un forçat du travail qui s’est sacrifié pour sa famille, et dont le seul tort est d’avoir une nouvelle compagne? Mardi, à Yverdon, ont été dépeintes deux facettes irréconciliables d’un homme accusé par ses six enfants de menaces et d’insultes quotidiennes, et par sa femme de viols et de coups. 

Vous avez été témoin, victime ou auteur·e de violence?

Les premiers signalements remontent à 1996, suivis d’une plainte pour tentative de meurtre, déposée puis retirée en 2009. Intervenue alors, la Direction de l’enfance et de la jeunesse (DGEJ) avait signalé de telles pressions du père «qu’une intervention extérieure mettrait en danger la famille» (lire ci-dessous). Ses filles présentes lors de l’audience ont décrit avoir été encouragées à se suicider, traitées de «salope» et de «pute», enfermées dehors, ou encore avoir entendu leur mère se faire violenter. Seul l’unique garçon de la fratrie s’est dit un peu épargné, mais tous évoquent un besoin de contrôle de leur vie par leur père, faute de quoi il les tuerait.

«Il avait des armes et s’en vantait. Il nous disait qu’il nous buterait tous et qu’il se tuerait ensuite», rapporte une des filles, qui indique aussi avoir peur des représailles lorsque son père sortira de prison, ou d’ici là, de la part de ses frères ou cousins. Trois d’entre eux ont d’ailleurs été exclus de l’audience, notamment en raison d’une interdiction d’approcher les enfants.

L’audience se poursuit mercredi avec l’audition de l’épouse de l’accusé, ainsi que les réquisitoires et plaidoiries.

«C’est un complot monté contre moi»

Emu lui aussi, l’accusé, incarcéré depuis seize mois, a nié en bloc les accusations de sa famille. «C’est un complot, ils se sont ligués contre moi quand ils ont découvert ma relation extra-conjugale», clame-t-il. Sa nouvelle compagne est d’ailleurs venue témoigner de sa gentillesse, tout comme plusieurs anciens employeurs. «Il ne rechignait jamais aux heures sup et aurait tout donné pour ses enfants», a par exemple décrit l’un d’eux. «C’est vrai, on n’a jamais manqué de rien, matériellement parlant c’était une bonne vie, concède une de ses filles. Qui complète toutefois que pour elle, «ce n’est pas ça, l’amour». 

«Aujourd’hui, on aurait recommandé un placement en foyer»

Interpellée sur les signalements de 2009, la DGEJ confirme être intervenue et avoir mis en place un suivi des enfants et des parents. Toutefois, l’intervention date d’avant plusieurs changements de loi concernant les violences domestiques, précise-t-elle. Ceux-ci l’auraient forcée aujourd’hui à muscler les mesures impliquant la sécurité des enfants, indique-t-elle, tout comme la police qui doit désormais expulser le conjoint violent du domicile conjugal, déclenchant un signalement concernant les enfants.

«Mais la violence psychologique reste difficile à établir s’ils se rétractent et qu’il n’y a pas de preuve visible de violence», rappelle la DGEJ, qui ajoute qu’«aujourd’hui, les faits extrêmement graves commis par le père auraient probablement conduit le service à recommander de les placer dans un foyer pour les protéger, et ceci même si la mère était elle-même adéquate vis-à-vis de ses enfants, mais visiblement incapable de protéger ses enfants contre leur père.»

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