Rapt d'un imam à Milan: «Jeté dans une fourgonnette, on m'a frappé et attaché»
Milan - L'ex-imam égyptien Abou Omar a été enlevé en Italie le 17 février 2003 par des agents de la CIA.
Il a raconté son rapt, les coups puis les tortures subis après son transfert en Egypte, dans un document publié par la presse italienne.
Alors qu'il se rendait à pied dans une mosquée de Milan, il est abordé par le conducteur d'une Fiat rouge, selon ce récit rédigé du fond de sa prison égyptienne, publié le 9 novembre par le Corriere della Sera. «Il a sorti une carte: 'Je suis de la police'. Je lui ai remis mon permis de séjour (...). Une fourgonnette blanche s'est arrêtée au bord du trottoir.»
«Deux personnes m'ont soulevé. Ils semblaient Italiens. Quand ils m'ont jeté dans la fourgonnette, j'ai essayé de me défendre, ils m'ont donné des coups de poing dans le ventre et sur tout le corps. Ils m'ont attaché les mains et les pieds», a-t-il raconté.
Transféré à Aviano
Après un changement de véhicule et plusieurs heures de voyage, Abou Omar comprend au bruit des avions qu'il est arrivé dans un aéroport, en l'occurrence la base américaine d'Aviano, dans le nord de l'Italie, selon la presse.
«J'ai entendu les pas de sept ou huit personnes. Ils ont déchiré mes vêtements avec des couteaux puis m'ont rhabillé très vite. Ils m'ont enlevé le bandeau qui me cachait les yeux pour me prendre en photo. Il y avait plein d'hommes des unités spéciales. Ma tête a été entourée de papier collant avec des trous pour le nez et la bouche», dit-il. «L'avion a décollé. Je manquais d'air. Ils m'ont mis un appareil pour respirer.»
Décharges électriques
Au Caire, l'ex-imam affirme avoir été enfermé dans un bâtiment des services secrets. «Ils me faisaient marcher les pieds attachés, je tombais et ils riaient».
«Puis il y a eu les décharges électriques, les coups de poing, les claques. Ils m'ont montré des photos de Tunisiens, de Marocains, d'Egyptiens, d'Algériens vivant en Italie. L'interrogatoire a duré six mois, jusqu'au 14 septembre 2003, il m'a semblé qu'il a duré sept ans.»
Il est ensuite transféré dans une autre prison, dans une cellule où il doit faire ses besoins sur le sol. «Des cafards et des rats me couraient sur le corps. Quand le gardien entrait, je devais me mettre à genoux, sinon il me frappait avec un bâton qui envoyait des décharges électriques»
«Je n'avais que du pain moisi à manger (...) A cause des coups, je n'entends plus rien d'une oreille.» Il affirme avoir subi «le supplice du matelas», un matelas imbibé d'eau et relié au courant électrique sur lequel on le contraignait à s'allonger.
L'ex-imam (44 ans) a été remis en liberté dimanche dernier.
(ats)