Montagny-les-Monts (FR): Rave sauvage interrompue par un lourd dispositif policier

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Montagny-les-Monts (FR)Rave sauvage interrompue par un lourd dispositif policier

La fête illégale qui se tenait dans une carrière en forêt depuis jeudi matin a été arrêtée de force. Les voisins soufflent, tandis que les participants critiquent le manque d’endroits pour faire la fête.

par
Pauline Rumpf

Les quatre jours de fête se sont arrêtés plus tôt que prévu. Environ deux cents personnes – des Suisses mais aussi des Français, des Espagnols ou encore des Estoniens – s’étaient réunies dans une carrière à Montagny-les-Monts (FR) avec deux installations sonores, jeudi au petit matin. Aucune autorisation n’avait été demandée et les décibels dépassaient largement l’acceptable, en tout cas pour les habitants des villages voisins, qui racontent avoir été réveillés à 3h du matin par les basses, jeudi. Celles-ci ont continué durant la journée. «Si ça s’arrête pas avant ce soir, il y en a un de nous qui va devenir fou, il va descendre avec un fusil», réagissait un habitant de Prez-vers-Noréaz. «C’est un magnifique jour férié, on ne peut même pas profiter de la terrasse», ajoutait un autre. La police dit avoir reçu des dizaines de plaintes.

Ambiance «safe et respectueuse»

Sur place, l’ambiance était cependant festive et détendue. «Il y a beaucoup de clichés sur les teufs comme ça, mais en réalité c’est très différent, raconte Tom*, étudiant vaudois de 18 ans. On fait pas de mal, il n’y a pas de baston, jamais d’embrouilles, de vols… C’est un endroit hyper safe, beaucoup plus qu’en boîte ou en festival, tout le monde est sympa et respectueux. Et oui, il y a de la drogue, mais c’est pas pire qu’ailleurs, et une bonne partie des gens n’en prend pas. Et ça ne dégénère jamais.»

Interrogé sur les nuisances sonores, il s’excuse et convient que le lieu était mal choisi. «Mais même quand ça s’organise de manière légale on a des problèmes avec la police, alors à la fin on en revient à ça.» Mathieu, 23 ans, abonde: «J’organise régulièrement des événements annoncés, mais c’est la croix et la bannière, ça coûte très cher, c’est ultra strict… Mon message, c’est qu’il manque d’endroits où la jeunesse peut aller faire la fête, à prix libre.» Tous les fêtards abordés abondent.

Intervention musclée

Mais cet événement ne sera certainement pas un bon souvenir pour les organisateurs. Intervenue dans le courant de la nuit, «reçue avec hostilité» selon le porte-parole Martial Pugin, la police avait donné un ultimatum à 15h pour mettre fin à la musique, auquel les fêtards ne se sont pas tenus. À 16h, c’est donc un cortège d’une quarantaine de policiers en tenue antiémeutes qui ont débarqué. «Nous avons fait ce qu’il faut pour interrompre le flux de la musique, car ça devenait intenable», précise-t-il. L’intervention s’est faite dans le calme, malgré les protestations des fêtards. «Vous avez pas des vrais criminels à arrêter?!» a-t-on entendu dans l’assemblée, qui ne s’est pas pressée pour se disperser. Beaucoup disposaient de tentes et de hamacs sur place.

À 18h30, plus d’une centaine de personnes étaient toujours sur les lieux. D’autres étaient également en chemin, la fête étant annoncée jusqu’à dimanche. «Nous laissons le choix aux gens de quitter librement la manifestation, sauf s’ils jouaient un rôle prépondérant dans l’organisation, prévient Martial Pugin. Les autres seront dénoncés au Ministère public. Le matériel sera séquestré.» Les enceintes sont cependant inutilisables, les agents ayant coupé les fils d’alimentation à la cisaille. Après avoir assuré qu’ils n’avaient fait que débrancher la prise, la police cantonale fribourgeoise a admis le geste capturé en vidéo, mais précise qu’il s’agissait «d’empêcher que l’installation soit remise en fonction». Et d’ajouter que «c’est déjà la deuxième fête sauvage dans le canton depuis le début de l’année. Les organisateurs doivent comprendre que, non, ce n’est pas possible.»

* prénom d’emprunt

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