Ukraine: Réunions urgentes pour tenter une sortie de crise

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UkraineRéunions urgentes pour tenter une sortie de crise

Le pouvoir a annoncé mercredi une «trêve» avec l'opposition, après des violences meurtrières. Trois ministres européens et un haut-responsable russe sont attendus à Kiev jeudi.

La capitale ukrainienne sera jeudi le théâtre d'une intense activité diplomatique, avec le venue simultanée d'émissaires français, allemands, polonais et russes. Dans cette perspective, le président Viktor Ianoukovitch a annoncé mercredi soir «la trêve et la reprise des pourparlers pour arrêter le bain de sang», à l'issue d'une rencontre avec les trois leaders de l'opposition.

Pourtant, quand il s'était adressé à la nation en pleine nuit de mardi à mercredi, alors que les policiers donnaient l'assaut contre les manifestants dans le centre de Kiev, le président s'était montré beaucoup plus dur envers l'opposition qu'il avait accusée d'avoir appelé à une «lutte armée» pour prendre le pouvoir et menacée de poursuites. Lui emboîtant le pas, la Russie avait dénoncé une «tentative de coup d'Etat».

Hauts responsables interdits de visa américain

Mais le président américain Barack Obama a averti mercredi des «conséquences» de la violence en Ukraine et a souligné que le pouvoir devait garantir aux «manifestants pacifiques» le droit de s'exprimer «sans peur de la répression». Les Etats-Unis ont du reste émis une interdiction de visas à l'encontre d'une vingtaine de hauts cadres ukrainiens qu'ils accusent d'être responsables de la récente répression meurtrière des manifestations. L'assaut policier a fait 28 morts, dont dix policiers et un journaliste, et le bilan du nombre de blessés hospitalisés se montait jeudi à 287.

Réunion extraordinaire de l'UE

De leur côté, certains Etats de l'Union européenne (UE) ont réclamé des sanctions à l'égard des responsables de la répression. Paris et Berlin ont condamné mercredi des «actes inqualifiables, inadmissibles intolérables», tandis que le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a accusé le président ukrainien d'avoir «du sang sur les mains».

«Il faut rétablir le dialogue politique entre opposition et pouvoir», a déclaré le ministre français Laurent Fabius, attendu en Ukraine jeudi, en compagnie de Frank-Walter Steinmeier (Allemagne) et de Radoslaw Sikorski (Pologne).

Les trois ministres doivent notamment rencontrer le président Viktor Ianoukovitch, avant de partir pour Bruxelles rendre compte à leurs homologues européens lors d'une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, réputé nationaliste, sera également à Kiev jeudi, alors que Moscou a appelé l'UE à convaincre l'opposition ukrainienne de «coopérer avec les autorités».

Pays au bord de la guerre civile

Face à la contestation, le pouvoir a déjà imposé une sorte d'état d'urgence qui ne dit pas son nom: le métro de Kiev a été fermé et les entrées de la ville sont désormais filtrées. Mais sur le Maïdan, dernier refuge des manifestants hostiles au président en place, des centaines de manifestants s'activaient toujours mercredi, les bras chargés de provisions, de vêtements et de médicaments.

Seule une frêle barricade, transformée en mur de feu la nuit, les séparait des policiers antiémeute. «La prochaine étape, c'est la guerre civile», estimait Igor, 23 ans, en faction sur une barricade. L'un des chefs de l'opposition, l'ancien champion du monde de boxe Vitali Klitschko, a estimé que seule la démission du président pouvait apaiser les tensions après que «le sang a coulé dans les rues de Kiev».

Les violences menacent désormais de s'étendre au reste de l'Ukraine: à Lviv, bastion de la contestation dans l'ouest, 5000 manifestants ont pris d'assaut les sièges de l'administration régionale et de la police, ainsi que de bâtiments militaires, s'emparant de dépôts d'armes.

(afp)

Chef des armées remplacé

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a remplacé mercredi son chef d'état-major des armées. Il a nommé Iouri Iliine en remplacement de Volodymyr Zamana, selon le texte du décret publié sur le site de la présidence. Celui-ci ne donne pas de raison à ce changement mais le général Zamana était réputé pour être contre le recours à l'armée contre les manifestants. Pendant cette crise sans précédent qui frappe l'Ukraine depuis fin novembre 2013, le général s'est illustré comme un partisan d'un «règlement pacifique». Il s'était même fendu d'un communiqué indiquant que «personne n'avait le droit d'utiliser les forces armées pour limiter les droits des citoyens».

Le limogeage de Volodymyr Zamana intervient au moment où le pouvoir a dit lancer une opération «antiterroriste» qui octroie de larges pouvoirs aux militaires.

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