Syrie«Réunir opposition et pouvoir au gouvernement»
Pour le président syrien, il serait logique que toutes les forces soient représentées dans l'équipe dirigeante de transition.
Bachar el-Assad a estimé mercredi que le futur gouvernement de transition en Syrie devrait rassembler les forces loyales au régime actuel et l'opposition.
Il serait «logique que des forces indépendantes, tout comme les forces de l'opposition et celles loyales au pouvoir y soient représentées», a estimé le président syrien dans une interview à l'agence de presse publique russe Ria Novosti.
En fin de journée, mercredi, l'opposition syrienne a une nouvelle fois manifesté son refus de voir Bachar el-Assad conserver des pouvoirs après la formation d'un organe de transition. Les Etats-Unis ont eux aussi indiqué qu'ils rejetaient toute hypothèse de gouvernement syrien d'union nationale incluant l'actuel président syrien.
Une Constitution «en quelques semaines»
Bachar el-Assad a également précisé qu'un premier «projet de Constitution peut être prêt en quelques semaines», alors que la Russie et les Etats-Unis ont annoncé espérer un brouillon de projet d'ici au mois d'août.
Selon la feuille de route fixée par l'ONU, les pourparlers entre le régime syrien et l'opposition, en cours à Genève depuis la mi-mars, doivent aboutir à la mise en place d'un organe de transition en Syrie d'ici à six mois, tandis que la rédaction d'une nouvelle constitution et la tenue d'élections législatives et présidentielle pourraient avoir lieu dans 18 mois. Mais les interprétations de ce que doit être cet organe de transition constituent l'un des principaux points de blocage.
Contre le fédéralisme
Bachar el-Assad a par ailleurs estimé que la «plupart des Kurdes souhaitent vivre dans une Syrie unie» et sont contre la proclamation d'une région fédérale kurde dans le nord de la Syrie. «Il ne faut pas confondre les Kurdes qui aspirent à un régime fédéral avec tous les Kurdes», a-t-il dit.
«Du point de vue géographique, la Syrie est un pays très petit pour y instaurer une fédéralisation (...). Je ne pense pas que la Syrie y soit prête et il n'y a pas de facteurs naturels pour que ce soit possible», a encore déclaré Bachar el-Assad.
Considérés comme l'une des forces les plus actives dans la lutte contre l'Etat islamique (EI) en Syrie, les Kurdes syriens sont tenus à l'écart des pourparlers de Genève.
Longue reconstruction
La guerre en Syrie, commencée en 2011 après la répression sanglante par le régime de manifestations pacifiques demandant davantage de démocratie, s'est transformée en conflit complexe impliquant une multitude d'acteurs, syriens et internationaux. Elle a fait plus de 270'000 morts et déplacé au moins la moitié de la population.
Selon Bachar el-Assad, «les pertes économiques et la destruction des infrastructures ont dépassé les 200 milliards de dollars». Le chef de l'Etat syrien a estimé que les problèmes économiques pourraient être réglés dès que la situation sera plus stable mais que réparer les infrastructures «prendra beaucoup de temps».
«Le processus de reconstruction sera profitable aux entreprises qui y participeront. (...) Bien sûr, nous nous attendons à ce que celui-ci repose sur les trois principaux pays qui ont soutenu la Syrie: la Chine, l'Iran et la Russie», a poursuivi Bachar el-Assad.
Le président syrien s'est dit «absolument certain» que tout citoyen syrien «voudrait accueillir en premier lieu les entreprises de ces trois pays». Il a ensuite assuré s'attendre à ce que «les pays qui étaient contre la Syrie, en premier lieu les Occidentaux, essayent de faire participer leurs entreprises» à la reconstruction du pays. (nxp/ats)