New YorkRigolade à l'ONU quand Trump fait son autopromo
Devant les membres de la communauté internationale, le président américain a justifié le retrait des USA de l'accord nucléaire de 2015 mais aussi vanté son propre bilan.
- par
- cga/nxp
Donald Trump a fait rire les dirigeants de la planète réunis à l'ONU en vantant, à la tribune de l'Assemblée générale, son propre bilan, le meilleur à ses yeux dans l'Histoire des Etats-Unis.
Rappelant avoir évoqué il y a un an, lors de cette même grand-messe annuelle des Nations unies, «les menaces auxquelles est confronté notre monde», le président américain a expliqué vouloir «partager les progrès extraordinaires qui ont été faits». «En moins de deux ans, mon administration a accompli plus que quasiment toute autre administration dans l'Histoire de notre pays», a-t-il lancé.
Probablement moins habitués que les Américains aux satisfecits et superlatifs que s'octroie à longueur d'interventions publiques le milliardaire républicain, plusieurs membres de l'assistance -- chefs d'Etat et de gouvernement, ministres, ambassadeurs des 193 pays membres de l'organisation mondiale -- ont alors souri.
Pause de Donald Trump. «C'est tellement vrai», a-t-il insisté, provoquant à ce moment-là des rires plus francs.
«Je ne m'attendais pas à cette réaction, mais ça va», a-t-il ajouté en souriant lui-même. Avant d'enchaîner avec la longue liste de ce qu'il considère être ses succès.
Trump appelle à «isoler le régime iranien»
Le président des Etats-Unis a lancé mardi devant l'Assemblée générale de l'ONU un appel à la communauté internationale à «isoler le régime iranien». Il a aussi vanté le succès de son initiative de paix «audacieuse» avec la Corée du Nord.
Le président des Etats-Unis Donald Trump lance à l'ONU un appel à la communauté internationale à "isoler le régime iranien.
«Dictature corrompue»
«Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète», de «menacer l'Amérique» ou Israël, a-t-il martelé devant plusieurs de ses homologues réunis cette semaine à New York.
«Nous demandons à toutes les nations d'isoler le régime iranien tant que son agression se poursuit» et «de soutenir le peuple iranien», a-t-il ajouté.
Dénonçant la «dictature corrompue» au pouvoir selon lui à Téhéran, il a justifié le retrait américain de l'accord nucléaire de 2015 censé empêcher la République islamique de développer la bombe atomique, et le rétablissement de toutes les sanctions américaines, dont les dernières entreront en vigueur le 5 novembre.
«Nous travaillons avec les pays qui importent du pétrole brut iranien pour qu'ils coupent substantiellement leurs achats», a-t-il souligné.
Revirement sur la Corée du Nord
Si l'Iran était déjà taxé d'Etat «voyou» il y a un an lors du premier discours du milliardaire républicain à l'ONU, le contraste est saisissant s'agissant de la Corée du Nord. Alors qu'il avait vivement attaqué en septembre 2017 le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et menacé de «détruire totalement» la Corée du Nord, Donald Trump a vanté mardi son initiative de paix «audacieuse».
Il a toutefois prévenu que les sanctions internationales contre Pyongyang resteraient «en place jusqu'à la dénucléarisation» de la péninsule coréenne.
Parmi les bêtes noires de son administration, il a déploré la «tragédie humaine» que vit le Venezuela. «Plus de deux millions de personnes ont fui» le pays à cause de son gouvernement socialiste soutenu par Cuba, a-t-il lancé.
Le président américain a aussi promis «une réponse» de Washington en cas de nouvelle utilisation d'armes chimiques en Syrie, dénonçant le «chaos» semé dans le pays par le régime de Bachar el-Assad. «Il pille les ressources de leur nation», a-t-il affirmé.
Dans un discours dont la «souveraineté» des Etats était le fil conducteur de celui qui a été élu sur la promesse de «l'Amérique d'abord», Donald Trump a réclamé des échanges commerciaux «justes et équilibrés», en justifiant ses décisions économiques récentes, à l'égard notamment de la Chine. Le déséquilibre commercial avec Pékin «ne peut être toléré», a-t-il insisté.
Faire baisser les prix du pétrole
Il a par ailleurs appelé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à cesser de faire monter les prix. «Nous défendons nombre de ces nations pour rien et elles en profitent pour nous imposer des prix plus élevés du pétrole. Ce n'est pas bien. Nous voulons qu'elles cessent de faire monter les prix (...) et qu'elles commencent à les faire baisser», a-t-il dit.
L'occupant de la Maison Blanche a par ailleurs vivement attaqué la Cour pénale internationale (CPI), accusée de n'avoir «aucune légitimité et aucune autorité». «Les Etats-Unis n'apporteront aucun soutien ou reconnaissance à la CPI», qui «revendique une juridiction quasi universelle sur les citoyens de tous les pays en violation des principes de justice, d'équité», a-t-il prévenu.
«Nous n'abandonnerons jamais la souveraineté américaine à une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable», a-t-il ajouté, rejetant «l'idéologie du mondialisme».
Il a enfin évoqué son intention de limiter la contribution américaine à 25% du budget des opérations de maintien de la paix de l'ONU (6,689 milliards de dollars, dont 28,5% payés par Washington jusqu'à présent) afin d'encourager d'autres Etats à «partager ce lourd fardeau».
Et il a annoncé un réexamen de l'aide versée par les Etats-Unis aux pays étrangers, qui sera «à l'avenir» réservée «uniquement à ceux qui nous respectent, et, franchement, à nos amis». (cga/nxp/ats)
Rohani accuse les Etats-Unis de vouloir «renverser» le régime
Le président iranien Hassan Rohani a accusé mardi les Etats-Unis de vouloir «renverser» le régime de Téhéran malgré leurs propositions de dialoguer. Et il a qualifié de «terrorisme économique» le rétablissement des sanctions par Washington.
Devant l'Assemblée générale annuelle de l'ONU à New York, le président iranien a qualifié d'«absurde» la position de Donald Trump qui avait appelé le monde, un peu plus tôt à la même tribune, à «isoler» le régime iranien «corrompu». La sécurité ne peut pas être «le jouet» de la politique intérieure américaine, a martelé Hassan Rohani.
«Il est paradoxal que les Etats-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement même qu'il invite à des pourparlers», a encore déclaré M. Rohani.
Revenant sur le retrait en mai des Etats-Unis de l'accord laborieusement négocié en 2015 sur le nucléaire iranien, M. Rohani a qualifié de «terrorisme économique» le rétablissement des sanctions américaines qui étranglent l'économie iranienne.
«Ces sanctions unilatérales illicites représentent en elles-mêmes une forme de terrorisme économique et une violation du droit au développement», a-t-il déclaré.