GenèveSapeurs-pompiers: c'est l'heure de la révolution
Le Conseil d'Etat a déposé un projet pour réformer la gouvernance et le financement des soldats du feu et accompagner leur essor.
- par
- Maria Pineiro

A l'aube de leur montée en puissance, la gouvernance des pompiers est en voie d'être réformée.
«Si ce projet de loi est accepté, ce sera une magnifique victoire, une véritable révolution. Dans le cas contraire, il faudra parler de défaite mortifiante.» Xavier Magnin, président de l'Association des communes genevoises (ACG), ne fait pas dans la demi-mesure quand il s'agit de qualifier l'aboutissement du projet de loi sur la prévention des sinistres, l'organisation et l'intervention des sapeurs-pompiers. Le texte a été déposé la semaine dernière devant le Parlement par le Conseil d'Etat. Il a été envoyé en commission pour étude.
Le texte crée des véritables gouvernance et financement intercommunaux des pompiers professionnels. Aujourd'hui, dans le Canton de Genève, les sapeurs sont des employés de la seule Ville, quand bien même ils interviennent sur tout le territoire cantonal. Les autres communes participent tout de même à une partie du financement à hauteur de 18 millions de francs, sur un total de 56 millions. Au vu de la démographie en hausse, la seule caserne de la rue des Bains au centre-ville ne suffit plus. Non pas que les pompiers ne peuvent répondre à toutes les réquisitions, mais ils n'y arrivent plus dans les temps exigés.
Deux nouvelles casernes
Ces constats ont conduit le Canton et les communes à élaborer un nouveau concept opérationnel pour 2030. Dès l'année prochaine, les casernes des Asters et de Frontenex seront ouvertes 24/24. Par ailleurs, deux nouveaux postes seront construits hors de la ville. Le premier entre 2020 et 2025 dans la région de Bernex/Plan-les-Ouates, le deuxième entre 2025 et 2030 dans la zone de Vernier/Meyrin. Il est prévu de faire passer l'effectif de 150 à 270 équivalents plein temps. La future loi doit permettre une gouvernance à l'échelle cantonale.
Le projet de loi fera des hommes du feu les employés de toutes les collectivités publiques genevoises à l'exception de l'enclave de Céligny. Ces dernières seront réunies au sein d'un comité exécutif de neuf membres, dont trois réservés à la Ville, et d'un conseil intercommunal dans lequel seront représentées toutes les communes. Pour ce qui est du financement, chaque municipalité mettra la main au porte-monnaie au prorata du nombre d'habitants et d'emplois qu'elle accueille sur son territoire. Le poids décisionnel de collectivités sera en lien avec la contribution financière. Les pompiers volontaires pourront intégrer ce futur dispositif ou rester totalement indépendants sous la houlette des communes. «Cela ouvre des possibilités de mutualisation de matériel et permettra une efficience accrue», se réjouit Xavier Magnin.
Un fin équilibre
Le dépôt du texte final, aboutissement de discussions et de négociations débutées en 2016, l'ACG l'attend depuis de longs mois. Le projet de loi était prêt en juin, explique Xavier Magnin, pas mécontent qu'il soit «enfin» entre les mains du Grand Conseil. «Idéalement, il faudrait que la loi soit votée avant le début de la prochaine législature en juin 2020. le cas échéant, on court le risque de devoir reprendre un certain nombre d'éléments et d'explications.» Car le texte étudié aujourd'hui a été approuvé par 93% des communes. «Il ne faudrait pas qu'il soit trop remanié par les députés, au risque de ne plus être accepté par les communes. Nous allons prendre notre bâton de pèlerin», indique Xavier Magnin.
Temps d'intervention trop longs
Les normes en termes de temps d'intervention préconisées par le concept Sapeurs-pompiers 2015 ne sont plus respectées. Ainsi, les hommes du feu devraient pouvoir attendre les lieux d'un sinistre en 10 minutes dans un environnement urbain et 15 minutes en zone rurale. Ils n'y parviennent que dans 60 % des cas au lieu des 80% exigés. En 2020, les casernes des Asters et de Frontenex seront exploitées 24/24 et 7/7.