Sarkozy fait profil bas face à la «tempête économique»
L'après-municipales marque aussi pour Nicolas Sarkozy le retour aux réalités économiques.
S'il a affirmé mercredi sa volonté de maintenir le cap de ses réformes, le chef de l'Etat a perdu en certitude, l'homme insistant désormais sur les difficultés en période de «tempête économique mondiale».
Devant le Premier ministre et les 37 membres du gouvernement Fillon III, dont les six nouveaux secrétaires d'Etat nommés la veille au soir, Nicolas Sarkozy a dessiné un sombre tableau de la situation économique. Il a ainsi évoqué à plusieurs reprises «une conjoncture que chacun perçoit comme plus difficile».
Une petite musique qu'il entonne depuis quelques semaines déjà, mettant en sourdine le volontarisme optimiste qu'il affichait depuis son élection. Il est vrai que les prévisions économiques sont inquiétantes. Hausse du prix du pétrole, des matières premières et de l'euro oblige, le FMI tablait en février sur une croissance de seulement 1,5% en France en 2008, quand le gouvernement espère toujours officiellement 2%.
Ce n'est donc pas cette année que Nicolas Sarkozy parviendra à arracher le point de croissance supplémentaire qu'il voulait «aller chercher». Quant à ses promesses de campagne sur une amélioration du pouvoir d'achat des Français, elles sont sérieusement battues en brèche.
Comme François Fillon avant lui, Nicolas Sarkozy a toutefois vu dans l'échec de la majorité aux municipales un appel à accélérer les réformes plus qu'une sanction de sa politique. Le chef de l'Etat a ainsi pris acte d'une «impatience» des électeurs, «une interrogation aussi sur la possibilité que les engagements de la campagne présidentielle puissent être tenus dans une conjoncture que chacun perçoit comme plus difficile».
Ces résultats l'ont tout de même poussé à revoir sa communication, pour adopter un style plus sobre, à renforcer le pôle politique de l'Elysée pour améliorer ses relations avec les parlementaires, et à renoncer à «l'ouverture» pour mettre la barre à droite en nommant au sein du gouvernement des nouveaux secrétaires d'Etat issus de la fidèle garde sarkozyste.
Pour le reste, «la plus mauvaise réponse serait de ralentir le changement», a affirmé Nicolas Sarkozy. «Dans la tempête économique mondiale, il faut tenir fermement le cap».
«Il faut continuer» les réformes, a-t-il martelé. «C'est la seule façon de répondre aux difficultés du moment». Dès lors, «il n'y aura pas de changement de cap. Il n'y aura pas de ralentissement des réformes». Mais il n'y aura pas non plus de «plan de rigueur», a-t-il assuré.
N'est-ce pas contradictoire avec sa volonté affichée de revenir à «l'équilibre des comptes» publics «à l'horizon 2012»? «Il n'y a pas du tout de contradiction», a assuré le nouveau porte-parole du gouvernement Luc Chatel. Il n'y aura «pas de plan de rigueur parce que ce serait absurde au moment où, justement, on a besoin de libérer la croissance. Il serait absurde d'aller anesthésier l'économie française».
Nicolas Sarkozy a appelé les Français à la patience, soulignant que «les résultats ne peuvent être immédiats». Il a défendu au passage le «paquet fiscal» adopté l'été dernier, alors que l'opposition estime que, par son coût de 15 milliards d'euros, il a privé le gouvernement de toute marge de manoeuvre budgétaire.
«Si la France a mieux résisté que d'autres au ralentissement, c'est sans doute en partie grâce à l'effort fiscal et social consenti dès le début du quinquennat», a-t-il rétorqué. «Celui-ci n'a pas diminué les marges de manoeuvre de notre politique. En réalité, dans la conjoncture actuelle, on se rend compte qu'il les a accrues».
Nicolas Sarkozy a ensuite détaillé à ses ministres ses priorités «pour les mois à venir»: réforme de l'intéressement et de la participation, de la formation professionnelle, de l'assurance-chômage ou encore un nouvel assouplissement des 35 heures. Le projet de loi pour la modernisation de l'économie sera quant à lui «déposé dès le mois d'avril» au Parlement. La réforme des retraites, elle, «sera l'affaire du deuxième trimestre». (ap)