VotationsSécurité alimentaire: une voix discordante
Deux organismes craignent jeudi que les paysans suisses soient sacrifiés par le texte proposé au peuple le 24 septembre.

L'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire et Uniterre ont fait part de leurs craintes en vue de la votation du 24 septembre 2017.
L'article constitutionnel sur la sécurité alimentaire, soumis au peuple le 24 septembre, ne fait pas l'unanimité. L'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire et Uniterre craignent que les «relations commerciales transfrontalières» mentionnées dans l'article ne sacrifient les paysans suisses.
L'association paysanne Uniterre s'est toutefois positionnée pour la liberté de vote, a rappelé jeudi son secrétaire Rudi Berli devant la presse réunie à Berne. Par contre, l'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire - qui réunit environ 250 organisations et personnes de mouvements agricoles, ecclésiastiques et sociaux - s'oppose au texte.
Cette dernière dénonce notamment deux points problématiques dans le texte: «l'agriculture et le secteur alimentaire doivent répondre aux exigences du marché», et la nécessité de «relations commerciales transfrontalières» pour le «développement durable de l'agriculture et du secteur agroalimentaire».
Les Suisses décideront le 24 septembre 2017 s'ils souhaitent ou non accepter l'arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire.
Pierre-André Tombez, président de l'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire a déclaré que «plus de marché est incompatible avec plus de durabilité» et que le «Conseil fédéral a clairement choisi quel marché privilégier, celui de la compétitivité, du libéralisme à outrance».
Marge d'interprétation
«La sécurité alimentaire est incompatible avec un marché libre car il menace la production locale», a affirmé de son côté Rudi Berli. «Nous avons besoin d'une organisation du marché qui permette aux paysans et paysannes de vivre de leur production», a-t-il expliqué.
Selon Rudi Berli, en cas de «oui» le 24 septembre, organisations des consommateurs et agricoles devront être «très vigilantes» sur l'application du contre-projet sur la sécurité alimentaire. Ce dernier «laisse une grande marge d'interprétation dans l'élaboration des politiques alimentaires».
Le Conseil fédéral a lui assuré à l'adresse des paysans que les marchés sont déjà ouverts et que le système fonctionne. Le but n'est pas d'exposer l'agriculture helvétique à une concurrence plus vive. L'Union suisse des paysans (USP) estime que l'article promeut non pas le libre-échange, mais le commerce équitable.
Large adhésion
La sécurité alimentaire pourrait faire son entrée dans la Constitution suisse le 24 septembre. Il s'agit d'un contre-projet à une initiative populaire de l'Union suisse des paysans, visant à renforcer l'approvisionnement des denrées issues d'une production suisse durable et diversifiée.
L'importance de la sécurité alimentaire n'était guère contestée, mais les Chambres fédérales ont estimé l'initiative peu claire et trop centrée sur la production nationale. Elles s'y sont opposées et ont concocté l'article soumis au peuple et aux cantons.
Satisfaite, l'USP a retiré son initiative et fait campagne pour le «oui». Avec le Conseil fédéral, les associations environnementales et l'industrie agroalimentaire, tous les partis siégeant au Parlement figurent dans ce camp.
Souveraineté alimentaire
D'autres initiatives concernant l'alimentation sont en cours. C'est notamment le cas de l'initiative pour la souveraineté alimentaire, lancée par Uniterre. Elle appelle Berne à renforcer le rôle d'une agriculture écologique et des petits paysans.
Le texte a été déposé en mars 2016 et est également soutenu par l'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire. Le Conseil fédéral s'oppose à cette initiative, qui sera vraisemblablement soumise au vote entre l?automne 2018 et l?hiver 2019. (nxp/ats)