Réfugiés ukrainiens: sans travail il devra vendre sa Tesla

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Réfugiés ukrainiens«Si je ne trouve pas de travail, je devrai vendre ma voiture, c’est tout ce qu’il me reste»

Des réfugiés à l’aide sociale depuis une année doivent vendre leurs biens pour continuer à percevoir des aides financières. Des milliers de personnes sont concernées en Suisse. 

Les cantons, voire les communes, sont appelés à faire appliquer les règlements de l’aide sociale.

Les cantons, voire les communes, sont appelés à faire appliquer les règlements de l’aide sociale.

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Toute personne vivant de l’aide sociale un an après son arrivée en Suisse doit faire réexaminer ses biens. Désormais, la règle s’applique également aux personnes ayant fui l’Ukraine et bénéficiant du statut de protection S. «Les voitures doivent donc être vendues si leur valeur dépasse la franchise de fortune pour la taille déterminante du ménage», peut-on lire sur le site de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS). Selon les cantons, cela représente en général quelques milliers de francs. On connaissait cette mesure depuis novembre mais maintenant elle est appliquée. Et en novembre, des voix s’étaient élevées en voyant des réfugiés roulant en voiture de luxe.

Un cas à Lucerne

En Ukraine, Viacheslav Bondarchuk avait un revenu confortable et gagnait 200'000 francs par an. Il construisait une maison. Après un an en Suisse, il ne lui reste plus que sa Tesla. Et il va devoir peut-être la vendre. Viacheslav Bondarchuk est hébergé dans le quartier zurichois de Winkel et s'est inscrit à l'aide sociale. «L'assistant social m'a déjà dit à l'époque que je devrais probablement vendre ma voiture si je ne trouvais pas de travail». En juin, il a trouvé du boulot pour sept mois. Aujourd’hui, son contrat à durée déterminée est fini et il se retrouve à l’aide sociale. «Si d’ici deux mois je n’ai pas retrouvé du travail, je vais devoir vendre ma Tesla.» Et de conclure en disant: «Les gens me voient et pensent que comme je conduis une Tesla, j'ai beaucoup d'argent et que je touche quand même l'aide sociale. Mais ce n'est pas le cas. Cette voiture est tout ce qui me reste.»

Les cantons sont maintenant en train de mettre en œuvre ces règles. Ainsi, le service de l’asile et des réfugiés du canton de Lucerne indique: «Le canton de Lucerne comptabilise également les véhicules dans la fortune des personnes bénéficiant du statut de protection S. Dans la mesure où ceux-ci dépassent la franchise de 4000 francs par personne ou de 10’000 francs par famille, nous ordonnons qu’ils soient vendus». Pour ce faire, Lucerne fixe un délai d’un mois. Selon le montant que rapporte la vente de la voiture, l’aide sociale est ensuite suspendue pour une durée déterminée. À Lucerne, 141 réfugiés ukrainiens possédant un véhicule sont actuellement enregistrés. Et 132 d’entre eux ont bénéficié de l’aide sociale en février. Si l'on extrapole ces chiffres, on peut estimer à plusieurs milliers le nombre de réfugiés possédant une voiture dans toute la Suisse et qui sont ou vont être touchés par ces mesures.

A Genève, l’Hospice général en charge de l’asile «n’a à ce jour aucune information sur ce sujet». Dans le canton de Vaud, c’est l’EVAM qui s’occupe du dossier. Son service de presse indique que dans le canton, «le recensement des véhicules est en cours» mais ne se prononce pas sur le nombre de cas concernés. Concernant «d’éventuels en leasing en Ukraine, la situation sera étudiée au cas par cas» indique l’institution vaudoise.

Dans d’autres cantons alémaniques, des contrôles sont également effectués. Berne par exemple indique qu’«aucune vente n’a encore eu lieu à ce jour et nous n’avons pas encore reçu de réactions. Et d’ajouter: cela concerne la voiture et les actifs liquides comme les bijoux et l’argent liquide. Les services sociaux examinent chaque cas».

(dk/jbm)

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