Afghanistan: Six civils dont un enfant tués dans le raid de l'OTAN

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AfghanistanSix civils dont un enfant tués dans le raid de l'OTAN

L'Europe a ouvertement critiqué ce week-end la frappe meurtrière de l'OTAN vendredi dans le nord de l'Afghanistan.

Selon les derniers bilans des autorités afghanes diffusés dimanche, ce raid a coûté la vie à 54 personnes. Six civils, dont un enfant, figureraient parmi les victimes.

Le gouverneur de la province de Kunduz, Mohammad Omar, a déclaré que parmi les morts, «48 hommes ont été identifiés comme armés, tandis que le reste était des civils». Tôt vendredi matin, l'OTAN, sur la requête d'un officier allemand, avait ordonné une frappe aérienne contre deux camions citernes dérobés par les talibans.

Un enfant se trouvait dans l'une des citernes au moment de la frappe. Deux autres personnes, le chauffeur d'un des camions et son fils, ont été abattus par les talibans avant le bombardement, a encore dit le gouverneur.

Selon M. Omar, quinze personnes ont été blessées, dont deux talibans. Au moins deux enfants figurent parmi les blessés, qui souffrent de graves brûlures. Le ministère de l'intérieur avait indiqué samedi que 56 talibans avaient été tués.

Dizaines de personnes rassemblées

Selon des témoins, les bombes sont tombées lorsque des dizaines de personnes se trouvaient rassemblées autour des camions, dont l'un s'était enlisé dans une rivière. Les talibans avaient appelé des villageois à venir se servir en essence, ont indiqué des témoins.

Les images du site montrent les carcasses tordues et calcinées des camions entourées de bidons de métal et de plastique, au bord de la rivière Kunduz. Samedi, le commandant de la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF), le général américain Stanley McChrystal, a promis une «enquête complète» sur le raid aérien.

Une délégation des ministères de l'intérieur et de la défense afghans se trouvait sur place dimanche pour enquêter sur l'attaque. Les talibans avaient diffusé samedi un communiqué affirmant qu'aucun des leurs ne figurait parmi les victimes.

Bavure au mauvais moment

La province de Kunduz, aujourd'hui régulièrement touchée par des attaques, était plutôt épargnée par les violences jusqu'à il y a quelques mois. Mais des insurgés s'y sont réinstallés, sans doute appâtés par la nouvelle voie de ravitaillement des forces étrangères qui, venant du Tadjikistan, traverse la province.

Les camions citernes détruits étaient justement destinés aux forces internationales. Cette possible bavure survient au pire moment pour les forces internationales, qui venaient d'annoncer une nouvelle stratégie visant notamment à mieux protéger les civils et à gagner leur sympathie.

Les opinions publiques occidentales sont de plus en plus opposées à l'engagement en Afghanistan, où les violences atteignent depuis plusieurs mois des records absolus. Plusieurs pays européens ont ouvertement critiqué ce week-end le bombardement.

«C'est une grosse erreur», a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. Son homologue luxembourgeois, Jean Asselborn, a estimé que «même s'il n'y avait qu'un civil sur place, cette opération n'aurait pas dû avoir lieu».

L'Allemagne se défend

L'Allemagne a par contre défendu cette opération. «Quand, à six kilomètres de nous, des talibans prennent deux citernes d'essence, cela représente un grand danger pour nous», a déclaré samedi le ministre de la défense Franz Josef Jung au quotidien «Bild». Il a assuré que les victimes étaient toutes des talibans.

Dans ce contexte, trois soldats allemands ont été blessés samedi par l'explosion de la voiture d'un kamikaze tout près de la ville de Kunduz, a indiqué son gouverneur, Mohammed Omar.

Un soldat français blessé vendredi dans une attaque à l'explosif est décédé dimanche des suites de ses blessures à l'hôpital américain de Ramstein (Allemagne). Ce décès porte à 31 le nombre de soldats français tombés sur le sol afghan depuis 2001.

Côté américain, un GI a été tué dimanche lors d'une attaque d'insurgés dans l'est du pays. Un autre soldat américain est mort de ses blessures samedi après des combats également dans l'est. Ces décès portent à près de 320 le nombre de soldats étrangers tués en Afghanistan depuis le début de l'année. (ats)

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