Sport: un plan pour mettre les abus sexuels hors jeu

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Sport: un plan pour mettre les abus sexuels hors jeu

Des vestiaires unisexes, des chambres séparées pour l'athlète et son entraîneur lors des compétitions.

Voilà deux des dispositions que le gouvernement souhaite voir apparaître dans la «charte de bonne conduite» qui sera élaborée pour prévenir le harcèlement et les abus sexuels dans le sport, dans le cadre d'un plan présenté vendredi par la ministre Roselyne Bachelot.

«Il y a véritablement un souci», a souligné vendredi l'ex-championne de tennis Isabelle Demongeot, qui accuse son ancien entraîneur de viols. Son livre «Service volé», publié fin mai, abordait ce tabou. La quadragénaire a depuis été reçue par le président Nicolas Sarkozy et consultée par la ministre de la Jeunesse et des Sports Roselyne Bachelot-Narquin.

«Dans le milieu sportif, la loi du silence était à l'oeuvre», a noté cette dernière en présentant dans la matinée à Paris un programme de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le sport.

«D'abord, il faut que nous fassions l'état des lieux», a souligné la ministre, qui a annoncé le lancement d'une étude nationale en septembre prochain.

La seule enquête jusqu'alors menée en France, en Champagne plus précisément, ne portait que sur 117 étudiants inscrits en STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) entre 2000 et 2002. Dix pour cent de filles et 4% de garçons répondaient avoir été victimes d'agressions sexuelles en milieu sportif.

«A partir de cet état des lieux, nous allons mener des actions de prévention», a poursuivi la ministre. La charte de bonne conduite sera rédigée à l'automne en concertation avec les acteurs du monde sportif. Une fois signée par les fédérations et les ligues, elle devra être affichée dans les clubs.

En outre, au cours de leur formation, les éducateurs sportifs seront sensibilisés au problème des abus sexuels. Un module spécifique sera «obligatoirement» intégré au diplôme, selon un communiqué du ministère.

Roselyne Bachelot-Narquin a enfin annoncé la mise en place d'»un numéro d'écoute téléphonique qui va permettre aux victimes de s'exprimer».

Selon elle, les sportifs de haut niveau sont «sans doute» plus exposés que les autres personnes «à ce genre de pratiques, étant données les pressions qui pèsent sur eux». La victime craint souvent, si elle dénonce le coupable, d'être exclue des équipes sélectionnées pour les compétitions internationales et de voir sa carrière détruite.

Au côté de la ministre lors de la présentation du plan à la presse, Isabelle Demongeot a jugé qu'»on est sur la bonne voie». L'ancienne championne de tennis s'est dite «heureuse de voir que les choses vont vite». Souhaitant que les victimes puissent «parler un maximum», elle a plaidé pour «un accueil physique aussi, pas simplement téléphonique».

Isabelle Demongeot a estimé que la «charte de bonne conduite» allait contribuer à poser des «règles» et des limites - d'autant plus importantes que certains jeunes sportifs passent beaucoup de temps avec leur entraîneur, jusqu'à développer parfois une forme de dépendance psychologique. Un éclaircissement également nécessaire pour l'entourage.

«On dit très souvent: 'mais enfin, elle était plus ou moins amoureuse de son entraîneur'. Oui, on est toujours fasciné par son entraîneur. Mais une relation amoureuse, c'est quoi?» a-t-elle demandé. «Je ne pense pas qu'aujourd'hui les jeunes qui ont 12 ans aient envie d'avoir une relation sexuelle avec des hommes qui ont 40 ans». (ap)

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