CyclismeStefan Küng: «Le home-trainer c'est l'horreur»
Le Thurgovien n'est pas fan des courses virtuelles. Mais il s'alignera dès mercredi sur le «Digital Swiss 5».
- par
- Robin Carrel

Le Thurgovien est un animal d'extérieur...
Le coureur de la Groupama-FDJ l'a un peu saumâtre. C'est à cette période de l'année qu'il a ses plus grands objectifs personnels et tient une forme rare. Il est même «proche des 100%», dit-il, parce que lui peut s'entraîner comme il l'entend, alors que ses coéquipiers français, notamment, sont strictement confinés chez eux. Alors il tentera de tout de même faire parler ses mollets sur un exercice qu'il ne goûte guère: le home-trainer...
Stefan, appréciez-vous l'exercice particulier du vélo à la maison?
Pour moi, le home-trainer c'est l'horreur! C'est un outil important dans l'entraînement, mais seulement quand les conditions météos sont mauvaises ou alors en phase de reprise, après une blessure ou une maladie. En Suisse, normalement, on a toujours la chance de pouvoir s'entraîner dehors et je dois avouer que je ne suis monté qu'une demi-heure là-dessus pour tester l'application qui sera utilisée pour ce Tour de Suisse, c'est tout!
A quoi vous attendez-vous en cette fin de semaine, du coup ?
C'est dur de dire à quoi ça va ressembler. Je n'ai strictement aucune expérience de course virtuelle. Ça va être tellement spécial, personne ne peut dire si ça va ressembler à un contre-la-montre comme sur la route, par exemple. Sur cette application (ndlr: Rouvy), il n'y a pas d'aspiration (ndlr: au contraire de Bkool ou Zwift par exemple). Ce sera chacun pour soi et celui qui mettra le plus de puissance sur la durée va gagner. J'ai hâte de découvrir ça, mais je ne sais pas à quoi m'attendre.
Cela fait au moins un peu de visibilité pour les sponsors
Oui, pour nous, c'est important qu'il y ait des courses virtuelles. Nos sponsors paient nos salaires et nous, on leur rend service avec cette publicité. Parce que malgré tout ce qu'il se passe, on arrive à faire des courses et, du coup, il y a des articles dans les médias. Là, sans épreuve, il n'y a aucune visibilité pour eux! Donc c'est cool d'avoir cette possibilité, parce qu'à la fin, toutes les équipes du World Tour seront là et il y aura du niveau. Ce sera en direct à la télévision et pas seulement en Suisse. Pour mes sponsors français, ça passe sur L'Equipe TV. On montre aussi qu'on fait un effort pour donner un peu de visibilité à tout le monde.
Jeudi, l'étape arrive virtuellement «chez vous». C'est du coup un objectif?
Comme pour Nino Schurter, gagner à Frauenfeld «à la maison», ce ne serait pas du tout pareil qu'en vrai. On n'a pas d'avantages de courir sur nos routes, puisque c'est simulé. Ça fera juste un petit truc à l'ego, parce que je pourrai me dire que je me suis bien entraîné ces dernières semaines... Ce n'est pas comme si je gagnais là-bas sur le vrai Tour de Suisse.
Schurter, justement, a dit que la clé de la réussite sera de mettre un bon ventilateur à côté du home-trainer!
Il faudra avoir un ou deux ventilateurs à la maison pour avoir une chance, c'est clair. Je cours heureusement dans ma cave à vélo, où il fait un peu plus frais J'y ai mis deux ventilateurs. C'est très important.
La récente officialisation du Tour de France à fin août, ça vous a redonné un coup de boost?
La motivation pour moi n'est pas un problème. Au début, quand les courses ont été annulées les unes après les autres, j'ai pris un coup au moral. Mais au bout d'un moment, je me suis dit que je ne pouvais rien y changer et je vis avec. Le point positif, c'est que moi je peux m'entraîner dehors. On est des sportifs, on est ambitieux, là je suis en forme! Je suis presque à 100%. Je suis aussi motivé, car je sais que si la saison commence en septembre ou s'il faut patienter jusqu'à l'année prochaine, tous les efforts que je fais maintenant vont me servir. Là, cette semaine, ça va être cool de courir avec les copains. Eux se mesurent déjà entre eux sur Zwift.
Toute une saison comprimée en quatre mois, c'est possible?
Ce sera compliqué Et pas seulement à cause de la durée raccourcie du calendrier, mais ce sera complexe aussi mentalement. Normalement, j'ai mes premiers objectifs en avril, puis il y a une petite coupure, après c'est le Tour de Suisse, le Tour de France et cette année il y avait les JO. Puis, ensuite, commençait la préparation pour les Mondiaux. On a vu les premières possibilités de dates de course, mais mentalement, tu ne pourras pas à chaque fois t'y remettre, te concentrer à fond dessus, si il y a Paris-Roubaix en août, ensuite une autre course, le Tour deux semaines après, les Mondiaux, le Tour d'Italie ensuite, puis d'autres Classiques... Déjà, si tu fais Paris-Roubaix, tu dois être là-dedans à 100%. Mais si on te dit que la Grande Boucle démarrera quinze jours après, tu n'y es pas totalement, alors que tu dois l'être pour gagner. Là-dessus, c'est vraiment particulier. J'espère vraiment que des courses auront lieu cette saison. Là, les dates sont fixées, mais on n'est pas encore sûrs que ça va se faire, ça dépend des pays, des gouvernements. Nous, on a 28 coureurs dans notre équipe, mais si il faut faire trois grands Tours d'affilée, il faudra à chaque fois une autre équipe! Rien que pour ça, tu auras besoin de 24 coureurs et il risque forcément d'y avoir blessés et malades. Ça va être dur à gérer.