Suisse: Stress au travail: vers une loi?

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SuisseStress au travail: vers une loi?

En Allemagne, beaucoup de travailleurs sont tellement sous pression, qu'ils ne prennent même plus l'apéro en fin de journée. Des politiciens veulent légiférer. Et chez nous?

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Florian Meier/dmz

Dossiers qui s'empilent, heures supplémentaires, disponibilité 24 heures sur 24... Un travailleur allemand sur cinq est si stressé qu'il n'arrive plus rien à faire, une fois la journée terminée. Délaissant ainsi amis et famille. Telle est la conclusion d'une étude menée par la sécurité sociale allemande.

Ces chiffres ont ému le ministre du travail du land de Rhénanie-Nord-Westphalie, qui demande qu'une loi réglemente strictement les moments pendant lesquels les employés ont le droit de ne plus être atteignables par leur patron, afin de s'accorder du temps, rapporte «Die Welt».

Compromis entre santé et carrière

En Suisse aussi, les travailleurs sont sous pression. Selon une étude du Secrétariat à l'économie (SECO), qui date de 2010, un tiers de la population active dit souffrir du stress. Un résultat qui ne surprend pas Nicola Jacob Hagen, psychologue du travail à l'Université de Berne: «De nos jours, on exige de nous que nous soyons atteignables à toute heure, via nos smartphones ou e-mails. Cela conduit à un état de stress constant, qui se répercute sur notre entourage.»

Mais pour elle, un loi ne serait pas la bonne solution: «Le stress est causé par les employeurs, certes, mais aussi par les employés.» Selon la chercheuse, certains pensent qu'en travaillant le soir et le week-end, ils auront de meilleures chances de promotion. La pression est donc mise par les deux parties. «En fin de compte, il s'agit de trouver un compromis entre santé et carrière.»

Un avis que partage le conseiller national argovien Max Chopard-Acklin (PS), qui ajoute que la législation actuelle est assez claire: «Lorsque des heures supplémentaires sont effectuées, elles doivent être compensées».

Dans la mauvaise direction

Pour la députée fédérale Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL), une loi anti-stress ne servirait à rien: «Nous vivons dans une société qui ne s'arrête jamais. La disponibilité permanente n'est pas un problème qui se limite au monde du travail.» Selon elle, c'est au syndicats d'empoigner l'affaire, afin que tous les employés soient au courant de leurs droits.

Du côté des employeurs aussi, l'idée d'une réglementation n'est pas bienvenue: «Une telle loi irait dans la mauvaise direction», selon Philip Bauer, de l'Union patronale suisse. Car il existe d'autres solutions: «De nos jours, la tendance est à la flexibilité. On peut travailler depuis la maison, par exemple, et, du coup, accorder plus de temps à nos proches.»

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