SuisseLe Conseil des États snobe une écologiste et son eau de pluie
Une bonne partie des sénateurs a quitté la salle alors que la Verte Céline Vara défendait une motion pour mieux gérer les eaux de pluie afin d’économiser l’eau potable.

Céline Vara aurait voulu un cadre légal pour récupérer intelligemment les eaux de pluie.
«Ne quittez pas la salle, nous restons dans le domaine des ressources vitales à l’être humain». C’est ainsi que Céline Vara (Verts/NE) a commencé mardi son plaidoyer devant un Conseil des États quasi vide après un débat sur l’approvisionnement en électricité. La sénatrice défendait une motion pour que la gestion des eaux de pluie soit inscrite dans la loi sur la protection des eaux. But: économiser l’eau potable. Mais son idée a été balayée par 20 voix contre 12, une dizaine d’élus n’étant pas revenus au moment du vote.
Pourtant le sujet est important, selon Céline Vara. «L’eau manque en Suisse aussi et elle manquera toujours plus à certaines périodes de l’année», a-t-elle souligné. En outre, avec le réchauffement climatique, l’accès à l’eau potable va devenir la première préoccupation mondiale.
Or chez nous, la législation n’encadre que très peu l’utilisation de l’eau potable. «Rien n’est prévu pour que cette ressource vitale ne soit pas gaspillée», a critiqué la Neuchâteloise. «Ainsi nous utilisons en moyenne 9 litres d’eau potable à chaque fois que nous tirons la chasse des toilettes». Avons-nous vraiment besoin d’eau potable pour les W.C., arroser le jardin, remplir la piscine ou laver la voiture? a-t-elle questionné.
Récupérer l’eau de pluie là où elle tombe
Pour Céline Vara, il faut utiliser l’eau de pluie là où elle tombe, sur les toits des maisons par exemple, pour l’utiliser ensuite dans les toilettes ou ailleurs. Mais ce n’est pas possible, a-t-elle déploré. «Car la législation dissuade, voire interdit l’installation de moyens de captage, de rétention et d’utilisation de ces eaux à titre privé et par les entreprises». Elle aurait donc voulu des moyens légaux et un cadre général pour faciliter et encourager toutes les actions possibles en faveur d’une utilisation rationnelle des eaux de pluie.
Mais elle n’a pas été suivie, à commencer par le Conseil fédéral qui estimait sa motion inutile. «Environ 80% de l’eau potable provient des eaux souterraines, qui peuvent généralement être utilisées sans traitement énergivore», a expliqué le ministre de l’Environnement, Albert Rösti. Qui a ajouté: «L’utilisation des eaux de pluie n’est écologiquement et économiquement pas avantageuse par rapport aux eaux souterraines.»