Suisse romandeAgents CFF à bout face à certains supporters de foot
Les syndicats réclament des mesures contre les violences perpétrées par une partie des fans, dans les wagons et les gares. Un rapport sur la sécurité dans le football est attendu.

Un wagon CFF après le passage de fans de foot, dans un train entre Lugano et Berne, en mai 2022.
«On n’en peut plus des déprédations, des agressions verbales et physiques, soupire Anthony Rizzo, président de la section genevoise du Syndicat du personnel des trains. On a fait une consultation dernièrement, tous les collègues disent la même chose: il faut que cela s’arrête.» Les violences et le vandalisme dont font régulièrement preuve des ultras lorsqu’ils se déplacent en train pour suivre leur équipe de football - comme en gare de Morges (VD) en mai dernier - font aussi réagir le Syndicat du personnel des transports (SEV). Il réclame des mesures de la part des CFF, mais aussi de la part de la Swiss Football League et des clubs.
La situation pourrait empirer
«Même si une majorité des trajets se déroulent pacifiquement, les incidents se multiplient», selon les syndicats. Surtout, le personnel juge que la situation pourrait empirer ces prochains mois. Le championnat de Super League compte désormais plus d’équipes; il y aura donc davantage de déplacements de fans.
«La crainte ne porte pas uniquement sur les trains spéciaux, dont les agents ont été spécialement formés à l’accompagnement des supporters; mais aussi sur les lignes régulières, que les ultras empruntent de plus en plus», avertit René Zuercher, responsable au SEV des sections romandes CFF. Ce dernier estime que c’est notamment aux clubs de mieux encadrer leurs fans, à l’instar du «bon travail» qu’effectue Young Boys, par exemple. Le syndicat réclame aussi un renforcement des agents de trains et une hausse des effectifs de la police des transports.
Prévenir plutôt que menacer
«Nous avons l’obligation légale de transporter les supporters comme les autres voyageurs», rappellent les CFF. Ceux-ci condamnent tout acte de violence envers leur personnel, invité à systématiquement les dénoncer. «Nous leur apportons toujours un soutien juridique», insiste la régie, qui dit «comprendre les inquiétudes» de ses collaborateurs confrontés à une problématique «qui nous préoccupe depuis des années».
Pour l’heure, face aux fans, les CFF misent sur «une approche coopérative et de désescalade», via une «formation ciblée de leurs assistants-clientèle (les contrôleurs), tous volontaires». L’effectif du personnel des trains est adapté au nombre de voyageurs. «Par ailleurs, l’expérience montre que la présence de policiers dans les convois de supporters tend à être contre-productive, souligne Sabine Baumgartner, porte-parole des CFF. Mais la police est présente dans les gares».
Projet global attendu
Une table ronde avec le SEV doit avoir lieu prochainement. La régie rappelle aussi qu’un groupe de travail incluant la Swiss Football League, les clubs et les autorités, notamment, doit rendre un rapport, d’ici la fin de l’année. Il portera sur la gestion des transports, mais aussi celle des secteurs visiteurs dans les stades, et sur de possibles mesures communes de répression. L’introduction de billets nominatifs aux matches sera aussi abordée; une option cependant critiquée sur le plan juridique et vue comme «ultime recours».
Les clubs en action dans les trains
Si surveiller des supporters qui voyagent de leur propre chef sur les lignes régulières semble illusoire, les clubs assurent une présence sur les trajets en trains spéciaux. Le FC Bâle, dont les fans sont nombreux à suivre leur équipe à l’extérieur, précise ainsi que «nos trains spéciaux sont toujours accompagnés par deux personnes généralement, chargées d’encadrer les supporters. Pour le reste, cela fonctionne grâce à l'autorégulation de nos fans. Depuis des années, nous n'avons ni stewards, ni police ferroviaire dans les trains spéciaux». Et selon le club rhénan, «les voyages se déroulent dans la grande majorité des cas sans problème et sans dégâts matériels importants». Au Servette FC, un responsable des fans est présent lors de chaque déplacement ferroviaire. «C’est une obligation de la Swiss Football League, énonce Loïc Luscher, porte-parole du club genevois. Nous ajoutons aussi des stadiers en fonction du nombre de supporters qui effectuent le trajet.»