Genève: Supermarchés confrontés au ras-le-bol du plastique

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GenèveSupermarchés confrontés au ras-le-bol du plastique

Pour dénoncer les emballages superflus, les clients sont invités à les laisser à la sortie des grandes surfaces, ce week-end lors d'une action mondiale.

David Ramseyer
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David Ramseyer

«Des concombres emballés individuellement ou des barquettes de tomates doublement protégées, c'est autant de plastique qui pourrait se retrouver dans la nature. C'est aberrant!», clame Virginia Tournier. Pour sensibiliser la population au problème de suremballage, la Genevoise organise vendredi à la Migros de Thônex (GE) l'une des centaines de «plastic attack» prévues ce week-end en Suisse - l'un des plus gros producteurs de déchets d'Europe - et ailleurs (France, Allemagne, Italie, Canada, Etats-Unis ou encore Pérou).

Via les réseaux sociaux, les gens se fixent rendez-vous dans un supermarché. Ils font leurs courses puis après avoir payé, ils retirent les emballages superflus qu'ils stockent à la sortie des enseignes, dans un container ou des caddies. L'objectif est de dévoiler ainsi visuellement le volume de plastique gaspillé, selon les participants. Des centaines de Romands ont confirmé leur présence.

Agir par l'exemple

«De manière pacifique, nous voulons montrer concrètement aux grands distributeurs que les envies et les consciences des consommateurs changent», souligne Virginia Tournier, dont l'action aura lieu le 1er juin. Partout ailleurs, les «plastic attacks» sont agendées le lendemain, mais à Genève, en raison de l'opération caritative «Samedi du partage» dans les magasins, les organisateurs ont préféré décaler leur événement.

«Une partie de l'action passe aussi par le dialogue avec les clients, note Frédéric Sohlbank, à la tête d'une «plastic attack» à Lausanne. Changer de mode de consommation est contraignant, mais tout le monde doit tirer à la même corde. Nous offrirons d'ailleurs aux gens des sacs en tissu réutilisables.» Selon le Vaudois, dans un canton qui applique la taxe poubelle, «plus on fera attention à la source du problème, soit des déchets superflus, moins on remplira nos sacs à ordures».

Cadre légal en jeu

Notamment visée par les actions de ce week-end, Migros y collaborera (cf. encadré). Son porte-parole, Tristan Cerf, assure cependant que le volume de plastique utilisé en grandes surfaces peut être trompeur: «Si un kilo de plastique pollue généralement davantage qu'un kilo de carton, les emballages en plastique nécessitent souvent beaucoup moins de matériau et sont plus légers. Cela permet d'économiser des ressources et de réduire la pollution liée au transport».

De son côté, l'un des plus gros fournisseurs suisse de fruits et légumes dans les supermarchés, le groupe Eisberg, affirme qu'il fait tout pour réduire les emballages, notamment en diminuant l'épaisseurs des films. «Mais le cadre légal en matière d'hygiène et de fraîcheur des produits nous contraint à les emballer», remarque son directeur général, Christian Guggisberg.

D'où la volonté d'aller plus loin, selon Matthieu Vuille, initiateur de «plastic attacks» à Sion et Genève: «Il faut faire bouger les choses au niveau politique pour une réglementation sur le suremballage».

Jouer le jeu ou pas?

Sollicitée par les organisateurs de la "plastic attack" de vendredi à Thônex, Migros mettra gratuitement à disposition un container spécial pour les emballages en plastique. Le géant orange signale par ailleurs que des poubelles à cet effet sont installées "depuis longtemps" aux caisses de ses magasins. "Si chacun est à l'écoute de l'autre, nous pouvons mieux réfléchir et agir ensemble", conclut son porte-parole, Tristan Cerf.

De son côté, Coop indique avoir été contacté par téléphone mais en l'absence d'une demande écrite, "comme le veut la procédure", le groupe n'a pas donné suite. Son responsable de la communication, Giovanni Iacomini, précise toutefois que "ces actions seront tolérées à condition que nos clients ne soient pas dérangés, qu'il n'y ait pas de dégâts ni de perturbations des points de vente". Le distributeur assure que depuis 2011, il a pu "réduire ou optimiser plus de 3000 tonnes de matériaux d'emballage".

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