Assurances: Swiss Life revoit ses prévisions à la baisse

L'assureur zurichois, qui a vu ses primes stagner sur neuf mois, met également un terme à son programme d'actions et annonce qu'il se montrera moins généreux que prévu envers ses actionnaires.

Alors qu'il envisageait encore en août un bénéfice compris entre 1,8 et 1,9 milliard de francs, Swiss Life indique dans son bilan intermédiaire publié mercredi qu'il enregistrera sur l'exercice une perte sensible dans ses activités poursuivies.

Seuls des bénéfices exceptionnels de 1,5 milliard de francs, issus de la vente de la Banca del Gottardo et de la cession des filiales belge et néerlandaise, lui permettront d'afficher un résultat annuel positif.

L'assureur justifie cet avertissement par «l'évolution extraordinairement négative des marchés financiers depuis la fin du mois de septembre» et renonce à mettre à jour ses prévisions de bénéfice «au vu de l'incertitude».

Outre l'envolée du franc, l'accentuation de la crise a sévèrement touché certains placements du groupe, en particulier les investissements alternatifs (hedge funds) et les obligations émises par des établissements financiers devenus insolvables. L'évolution des cours boursiers a également exigé d'autres corrections de valeur sur des positions en actions, explique Swiss Life.

En dépit de la grave crise qui secoue les marchés financiers, Swiss Life est bien capitalisé, a souligné le patron du groupe Bruno Pfister en conférence téléphonique.

Moins de dividendes

Dans le contexte de marché actuel, le conseil d'administration a décidé de geler le programme de rachat d'actions en cours, approuvé par les actionnaires en mai dernier et portant sur 1 milliard de francs. L'assureur a déjà racheté à fin octobre quelque 3 millions d'actions pour 686 millions de francs.

Quant au versement dividende, le conseil d'administration «prendra sa décision lorsqu'il connaîtra le résultat annuel définitif». Mais la masse du dividende n'atteindra pas les 600 millions de francs, comme envisagé initialement, avertit le groupe, qui passait jusque-là pour offrir un rendement intéressant.

Durant la période sous revue, Swiss Life a enregistré un volume de primes de 13,987 milliards de francs dans ses activités poursuivies, en modeste hausse de 1% (&2% en monnaies locales) par rapport à janvier-juillet 2007. A l'exception notable de la France, tous ses marchés montrent un recul.

Ainsi pour la Suisse, toujours son marché principal, où les recettes de primes ont baissé de 1% à 6,908 milliards de francs. Elles ont reculé de 7% à 1,338 milliard en Allemagne, de 1% à 1,040 milliard au Liechtenstein et de 19% à 315 millions au Luxembourg. La France, deuxième marché du groupe, fait exception avec une forte hausse de 10% (&12% en euros) à 4,385 milliards de francs.

Mais pour le seul 3e trimestre, la baisse globale a été particulièrement nette. Par rapport à juillet-septembre 2007, les recettes de primes ont plongé de 11% (-9% en monnaies locales), à 3,075 milliards de francs. Hormis le marché suisse resté assez stable, le phénomène a affecté tous les autres pays à des degrés divers, y compris la France (-4%, ou -2% en euros).

Le rachat en Allemagne du prestataire de services financiers AWD se révèle aussi moins intéressant que prévu. Sur neuf mois, il a dégagé un chiffre d'affaires de 493 millions d'euros et un bénéfice avant intérêts et impôts de 31 millions d'euros (46,5 millions de francs), en baisse de respectivement 13% et 50%.

Ce recul est dû aux marchés autrichien et britannique, avec une en particulier une forte orientation vers les financements hypothécaires au Royaume-Uni. «Des mesures de correction ont été prises», assure Swiss Life.

Si les investisseurs s'attendaient à de mauvaises nouvelles, ils ne les prévoyaient pas de cette ampleur. Des analystes les ont même qualifiés de «catastrophiques», à l'instar de Fabrizio Croce de Kepler Capital Markets cité par Reuters.

L'action Swiss Life a chuté à la Bourse suisse. A la clôture, elle cédait un peu plus de 20%, alors que l'indice SMI se repliait de 3,03%. Elle entraînait dans son sillage Zurich Financial Services, qui publie ses résultats jeudi.

(ats)