Amérique latineTension à la frontière colombo-vénézuélienne
Le Venezuela, qui accuse son voisin de vouloir «déclencher un conflit», a entamé mardi des manoeuvres militaires à la frontière colombienne.

Des chars, des véhicules blindés armés de missiles et des dizaines de militaires de la Force armée nationale bolivarienne (FANB) commençaient à arriver à l'aéroport de La Fria, dans l'Etat de Tachira (ouest). (10 septembre 2019)
Le Venezuela a commencé mardi à déployer 150'000 soldats à sa frontière avec la Colombie, a annoncé l'état-major, pour des exercices décrétés par le président Nicolas Maduro qui accuse son voisin de «manoeuvrer» pour «déclencher un conflit».
Des chars, des véhicules blindés armés de missiles et des dizaines de militaires de la Force armée nationale bolivarienne (FANB) commençaient à arriver à l'aéroport de La Fria, dans l'Etat de Tachira (ouest), selon une correspondante de l'AFP sur place.
«La Force armée nationale bolivarienne est une force de paix (...). Nous respectons les forces armées de toute la planète, mais nous ne craignons personne», a affirmé à la presse l'amiral Remigio Ceballos, commandant stratégique opérationnel du Venezuela en lançant les exercices.
Ne pas céder «à la provocation»
Cette région frontalière de la Colombie a été placée la semaine dernière en «alerte orange» par le président socialiste après qu'il a dénoncé les «manoeuvres» de son homologue Ivan Duque pour «déclencher un conflit armé» avec le Venezuela. Pour sa part, le président colombien a dit ne pas céder «à la provocation» et a écarté l'hypothèse d'une intervention militaire contre son voisin.
Ces exercices, qui se dérouleront le long des 2200 km de frontière, doivent durer jusqu'au 28 septembre et mobiliser 150'000 des plus de 365'000 soldats que compte le Venezuela. Nicolas Maduro s'en prend régulièrement à son homologue colombien qu'il qualifie de «sous-président» et affirme qu'il fomente des actes «terroristes» pour tenter de le renverser. La semaine dernière, il l'a accusé de faire usage d'«accusation infondées pour agresser le Venezuela».
Ivan Duque accuse en effet Nicolas Maduro d'offrir refuge et soutien aux dissidents des Farc, qui se sont mis en marge de l'accord de paix de 2016 et ont annoncé la reprise de la lutte armée. Des accusations que Caracas nie. Le président colombien reconnaît le chef de file de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido comme président par intérim, tout comme une cinquantaine d'autres pays, dont les Etats-Unis. (nxp/afp)
La Colombie appelle à la «sérénité»
«Nous appelons tous les Colombiens à la sérénité, sachant que nous disposons d'une force publique suffisamment équipée et capable. Il n'y a pas à réagir à cette menace car ce serait une folie que de penser qu'elle puisse être réelle», a déclaré la vice-présidente Marta Lucia Ramirez à des journalistes. «Il ne faut cependant pas baisser la garde. Nous savons depuis (le défunt président Hugo) Chavez et maintenant avec (Nicolas) Maduro, le terrorisme colombien, international, a été alimenté au Venezuela, de la main du narco-trafic», a-t-elle ajouté. Mme Ramirez a assuré que la Colombie ne répondrait pas aux «provocations», tout en affirmant que les forces armées étaient préparées pour répondre à «toute attaque externe», selon un communiqué de la vice-présidence.
La FIDH met en garde contre une reprise de la guerre en Colombie
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) se dit préoccupée par le retour aux armes d'ex-guérilleros Farc en Colombie, tout comme par l'offensive lancée à leur encontre par le gouvernement, l'appelant à ne pas «démanteler» l'accord de paix.