Télévision: Tous les voyants sont au rouge chez Canal+

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TélévisionTous les voyants sont au rouge chez Canal+

La stratégie de Vincent Bolloré pour redresser le groupe en perte d'abonnés est de plus en plus critiquée.

Vincent Bolloré, patron de Vivendi, a repris la chaîne en 2014.

Vincent Bolloré, patron de Vivendi, a repris la chaîne en 2014.

photo: AFP/Archives

Les signaux d'alarme se multiplient chez Canal. Entre le départ de personnalités clefs et la poursuite de l'hémorragie d'abonnés, la stratégie de Vincent Bolloré, patron de la maison mère Vivendi, pour inverser la tendance est mise en doute.

Le présentateur du «Petit Journal» Yann Barthès, l'un des derniers représentants du mordant de l'«esprit canal», a annoncé cette semaine qu'il partait chez TF1. Quelques jours plus tard, Grégoire Margotton, commentateur sportif historique de la chaîne cryptée, a décidé de s'en aller. Le responsable du numérique du groupe Manuel Alduy devrait aussi quitter le navire avant l'été, sans qu'un successeur ait été annoncé.

Baisse des abonnés

Pendant ce temps, les abonnés continuent à faire défection. Les abonnements avec engagement à Canal et au bouquet Canalsat ont reculé de 183'000 au premier trimestre par rapport au dernier trimestre de 2015, à 8,28 millions. Cela représente une perte de plus de 400'000 clients sur un an.

Inquiétant aussi, les abonnements à CanalPlay, le service de vidéo en ligne qui devait faire pièce à l'américain Netflix sont aussi en retrait sur un an de 86'000 pour s'établir juste en dessous de 600'000.

Deuxième semestre dans le viseur

Vivendi a promis de «nouvelles initiatives» pour regagner des abonnés en France. Et il affirme espérer commencer à remonter la pente au deuxième semestre. «Restez à l'écoute, nous vous en dirons plus avant l'été», a par ailleurs indiqué Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire, à l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels.

Côté contenus, la chaîne cryptée qui a perdu la Premier League (championnat anglais) de football à partir de la saison prochaine emportée par SFR, va pouvoir se refaire en partie grâce au Top 14 de rugby (championnat de France) sur la période 2019-2023.

Stratégie «risquée»

Le groupe semble tenté de sacrifier les programmes en clair pour doper l'offre cryptée réservée aux abonnés. Un choix risqué puisque les programmes en clair sont encore légèrement rentables grâce à des recettes publicitaires prévues à plus de 100 millions d'euros (110 millions de francs), et servent aussi de vitrine pour attirer de nouveaux abonnés.

Quant aux annonces de Canal , elles restent pour l'heure suspendues à l'avis que devrait donner l'Autorité de la concurrence avant la fin du mois sur l'accord de distribution exclusive passé entre la chaîne et son concurrent Bein Sports.

«Tableau noirci»

En attendant, Vivendi s'est, lui-même, attaché à dramatiser la situation. Le groupe a tiré la sonnette d'alarme en février en indiquant que Canal France perdait de l'argent depuis 2012.

«Le tableau a été noirci pour attendrir l'Autorité de la concurrence en vue d'un accord sur le deal avec Bein Sports», assure Jean-Baptiste Sergeant, analyste médias pour Mainfirst. Ce chiffre reflète «uniquement l'édition des chaînes Canal , sans parler de l'international ni de Studiocanal ni des chaînes gratuites».

L'international se porte bien

Au total, même avec 400 millions de pertes opérationnelles pour Canal France, le groupe Canal ne risque en fait pas de tomber dans le rouge cette année. Ses activités internationales se développent bien.

Ces chiffres ont aussi le mérite de justifier en interne la «purge» de la direction. Sans oublier un programme de réduction des coûts qui s'est traduit notamment par une présence allégée des équipes de Canal à Cannes.

Succès de D8

Les chaînes de TV gratuites du groupe - D8 et D17 - sont elles en pleine forme, grâce notamment à la popularité de Cyril Hanouna, le protégé de Vincent Bolloré. Elles ont affiché des recettes en hausse de 11,5% au premier trimestre.

Et les pertes de Mediaset Premium (56,6 millions d'euros au premier trimestre) n'ont elles pas effrayé Vivendi qui a racheté ce bouquet de télévision payante italien à Mediaset, propriété de Silvio Berlusconi.

Même si Vincent Bolloré est allé jusqu'à évoquer un risque de faillite de Canal , personne n'a intérêt à en arriver à cette extrémité, et surtout pas le secteur du cinéma dont Canal est le principal financier. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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