Police de Marseille: Tout un service gangréné par les ripoux

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Police de MarseilleTout un service gangréné par les ripoux

Les policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du nord de Marseille soupçonnés de vols et de racket ont commencé à être déférés vendredi matin au parquet de Marseille.

Le procureur Jacques Dallest a laissé entendre vendredi que la corruption gangrenait tout un service de la police marseillaise. Au moins douze agents de la brigade anti-criminalité du nord de la cité phocéenne ont été mis en cause et devraient être placés en détention provisoire.

Ces douze policiers ont été déférés devant deux juges d'instruction en vue de leur probable mise en examen sur la base d'»éléments accablants», a déclaré le procureur de la République de Marseille Jacques Dallest lors d'une conférence de presse.

Il a évoqué des «éléments de présomption» et des «indices graves et concordants» et parlé d'»un système organisé de vol, de racket, de trafic de drogue».

Le parquet devrait requérir des placements en détention provisoire pour la quasi-totalité des douze policiers incriminés pour «vol et extorsion en bande organisée» et «détention, acquisition, transport, cession de stupéfiants». Les peines encourues pour faits de vols et d'extorsion en bande organisée peuvent atteindre vingt ans de réclusion.

Quinze autres policiers de la Bac Nord ont été entendus comme témoins. Cette formation policière compte 70 effectifs à Marseille, avec une équipe de nuit et une équipe de jour.

Des écoutes accablantes

Le parquet s'appuie sur l'écoute de conversations entre policiers de la «Bac jour», enregistrées dans leurs voitures de service par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) entre mai et septembre.

Des écoutes qualifiées par Jacques Dallest d'accablantes et instructives sur les pratiques délictueuses des intéressés, de la récupération de drogue sur les dealers aux perquisitions illégales en passant par le partage d'argent et de stupéfiants.

Des perquisitions ont été menées mardi par l'IGPN à la Bac Nord, dans le XVe arrondissement de Marseille. Elles ont permis de retrouver de l'argent liquide, environ 450 grammes de haschich et de résine de cannabis, des sachets de conditionnement de drogue et une dizaine de bijoux, dans les vestiaires personnels des policiers et les faux-plafonds du service, a-t-il précisé.

La plus grave affaire depuis Neyret

Des policiers de la Bac nient totalement les faits, d'autres les reconnaissent en partie et expliquent que ces détournements d'argent et de drogue servaient leur activité professionnelle, ce que dément formellement le parquet de Marseille.

Cette affaire est la plus grave touchant la police française depuis la révocation de Michel Neyret, le numéro deux de la Police judiciaire lyonnaise, mis en examen et incarcéré il y a un an pour ses liens avec le milieu lyonnais.

(ats/ap)

Valls promet la plus grande sévérité

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, suivait «depuis plusieurs semaines» l'enquête de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) concernant la BAC Nord de Marseille et sait «vers quoi elle va déboucher», a-t-il indiqué vendredi à la presse depuis la place Beauvau.

«Je suis depuis plusieurs semaines cette affaire. Je sais vers quoi elle va déboucher. Je ne suis pas surpris», a dit le ministre.

Le ministre de l'Intérieur s'exprimera «dans les heures qui viennent» et qu'il aurai alors «l'occasion de prendre un certain nombre de décisions». Il a précisé que «le travail de réorganisation» entamé avec la nomination Jean-Paul Bonnetain au poste de préfet de police de Marseille «va se poursuivre dans les semaines qui viennent».

Si les faits sont reprochés aux policiers sont avérés, le ministre de l'Intérieur a promis la plus grande sévérité. «Il n'y a pas de place pour ceux qui salissent l'uniforme de la police», a-t-il expliqué. Douze fonctionnaires de police ont été déférés vendredi matin. Quatre ont été mis en examen par un juge d'instruction.

M. Valls a annoncé qu'il se rendra à Marseille le 12 octobre, à l'occasion du congrès du syndicat Alliance police nationale.

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